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14. April 2016 | Offener Brief an die Staatschefs von Mali, Senegal und Ghana (französisch)

Vom 14. bis 17. April 2016 ist der niederländische Außenminister Bert Koenders im Auftrag der EU nach Mali, Senegal und Ghana gereist, um mit diesen Ländern über Migrationsabkommen im Rahmen des Valetta-Prozesses zu verhandeln. Aus diesem Anlass haben mehrere afrikanische zivilgesellschaftliche Organisationen einen Brief an die Staatschefs von Mali, Senegal und Ghana verfasst, in dem sie gegen die entsprechenden Verhandlungen protestieren. Der Brief ist bislang leider nur auf französisch verfügbar.

Excellences Messieurs les Présidents,

La tournée de Mr Koenders, du 14 au 17 avril dans vos pays respectifs, nous donne l’occasion de venir très respectueusement vous présenter nos préoccupations au sujet du dialogue actuel entre l’Europe et l’Afrique autour de la migration. Cette visite qui survient à la suite du sommet Europe-Afrique de la Valette n’est pas anodine. En effet, la migration fait partie des priorités de la présidence hollandaise de l’Union Européenne et en ce sens le fait de cibler nos pays considérés à forte culture migratoire est un moyen de justifier aux yeux de l’opinion publique européenne les efforts fournis pour lutter contre la migration dite « illégale ».

Excellences Messieurs les Présidents, qu’il nous soit permis de vous rappeler que la Hollande fait partie de ces pays européens qui ont une ligne des plus sécuritaires en matière de politique migratoire. Ces pays vont jusqu’à conditionner leur aide publique au développement à l’acceptation par leur partenaire du Sud de certaines mesures de refoulement des migrants dits en situation irrégulière. Hors dans le cadre du pacte mondial pour le développement définit depuis les années 2000 par les Nations Unies, l’aide publique au développement ne saurait souffrir de telles conditionnalités. En ce sens l’appât que représente le fonds fiduciaire mis sur pied au sommet de la Valette pour pousser les pays africains, notamment du Sahel et de la corne de l’Afrique, à développer des politiques de gestion de la migration dictées par l’Union Européenne n’est qu’un trompe œil. En effet les 1,8 milliards d’euros du fonds fiduciaire ne sont que le reliquat du Fonds Européen au Développement (FED) promis à l’Afrique dans le cadre des accords de Cotonou qui viennent bientôt à expiration. Au regard de ce contexte nos pays se doivent de mener un dialogue serein et constructif au nom du partenariat voulu par l’Union Européenne avec l’Afrique.

Le sommet de la Valette, organisé à la va vite en pleine crise de l’Europe face à l’arrivée des migrants, n’a été une fois de plus qu’une occasion ratée pour trouver des solutions justes afin d’endiguer le drame humain dans les mers et océans entre l’Europe et l’Afrique. Loin de poser des mesures de long terme pour faciliter la mobilité des africains vers l’Europe, le sommet de la Valette a été un dialogue de sourd entre européens et africains. Les premiers voulaient plus de contrôle de la mobilité des africains. Ces derniers, qui savent qu’aucun contrôle ne peut empêcher leurs citoyens de franchir les frontières poreuses héritées de la colonisation pour aller où bon leur semble, n’ont cessé de réclamer plus de visas pour la mobilité de leur population. La vraie solution et la seule pour mettre fin à cette tragédie humaine demeure la libre circulation que refuse d’accepter l’Europe malgré la faillite de toutes ses politiques sécuritaires contre les migrants et de limite d’octroi de visas de séjour qu’elle a mise en œuvre ces dernières années. Un autre élément repris dans le discours ambiant pour limiter la migration des africains est le développement et la création d’emploi qui pourrait retenir les jeunes en Afrique.

Excellences Messieurs les Présidents, bien que la jeunesse africaine ait besoin d’emploi, il serait illusoire à l’ère de la mondialisation de cantonner les opportunités d’emploi de cette jeunesse uniquement en Afrique. Si des investisseurs américains, chinois et européens se ruent sur les richesses de nos pays, ils n’en seraient autrement de nos citoyens qui veulent également avoir la même chance dans d’autres pays. En outre le développement d’un pays n’est nullement synonyme de fin de la migration. Les pays occidentaux en sont bien la preuve car leur niveau de développement va de pair avec une grande mobilité et une expatriation régulière de leur population. Ainsi les solutions proposées par l’Union Européenne sont autant défaillantes que leur analyse des causes profondes de la migration dite irrégulière.

Excellences Messieurs les Présidents, au nom de vos citoyens, que nous sommes, nous souhaitons que le séjour de Mr Koenders soit l’occasion de rappeler le rôle majeur qu’à jouer la migration dans le développement de l’Europe. Nous espérons que vous serez nos porte-paroles auprès de la présidence de l’Union Européenne pour leur rappeler les valeurs humanistes dont l’Union Européenne s’est pendant longtemps vantée et qui à nos yeux se meurent de plus en plus. L’Europe est en crise et nos pays africains, au nom du partenariat qui nous lie à eux, se doivent de leur montrer la voie à suivre. L’espace de la CEDEAO, malgré les nombreuses difficultés, est un exemple en termes de libre circulation depuis plus d’une trentaine d’année et en ce sens nos pays peuvent valablement conseiller l’Europe dans sa crise actuelle. Que le séjour de Mr Koenders soit donc celui de l’écoute et du partage de l’expérience et non un séjour marqué, comme à l’habitude, par des solutions toutes faites ou des pilules amères à faire avaler aux populations africaines.

Tout en vous réitérant notre sincère gratitude pour la défense de nos droits à la mobilité et dans l’espoir que vous serez nos porte-paroles auprès de la présidence hollandaise de l’Union Européenne, nous vous prions de recevoir, Excellences Messieurs les Présidents, nos salutations distinguées.

  • Ousmane DIARRA, Association Malienne des Expulsés (MALI),
  • Mamadou MBENGUE, ENDA Diapol (SENEGAL),
  • Eric PEASAH, Migration Policy and Advocacy Network (GHANA),
  • Samir ABI, Observatoire Ouest Africain des Migrations (TOGO)