6 - 8 Octobre 2017 | Auto-déterminé et solidaire ! Conférence sur la migration, le développement et la crise écologique

Nous vous invitons à une conférence à Leipzig, avec des podiums, des ateliers, des théâtres, des films, des exhibitions, et plus. La conférence est organisé par un groupe des réfugié(e)s, des migrant(e)s et des gens sans histoire migratoire. Quelque y participent individuellement, des autres font partie des groupes et des réseaux comme : Afrique-Europe-Interact, Corasol (Berlin), Entwicklungspolitisches Netzwerk Sachsen e.V. , glokal e.V. – machtkritische Bildung und Beratung (Berlin) et Konzeptwerk Neue Ökonomie (Leipzig)

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Le Programme

Vendredi

Enregistrement à partir de 15 h

16 h : Ouverture des portes
Ateliers d’introduction, théâtre et échange de projets.

19 h : Perspectives critiques sur la Migration, le Développement et la Crise Écologique
Évènement d’Ouverture suivi par une Discussion Fishbowl

  • Boniface Mabanza (Kirchliche Arbeitsstelle Südliches Afrika, KASA, Heidelberg)
  • Freweyni Habtemariam (Eritrean Initiative for Dialogue and Cooperation, Berlin)

21 h 30 : Théâtre, Film et Discussion en Petits Groupes
 
Samedi

09 h 30 – 11 h: Quatre table-rondes d’ouverture

a) Luttes des Femmes pour un Développement Autodéterminé

  • Mercia Andrews (Trust for community outreach and education (TCOE), l’Afrique du Sud)
  • Dora Sandrine Ndedi (Activiste, Berlin)
  • Nyima Jadama (Journaliste, Freiburg)

b) Vivre aux Dépens des Autres: Capitalisme, (Néo) Colonialisme et l’Exploitation de l’Être Humain et de la Nature

  • Ulrich Brand (Université de Vienne, l’Autriche)
  • Lucía Muriel (Membre fondateur et présidente de la fédération des migrantes
    “Migration, Entwicklung und Partizipation MEPa e.V., Berlin”)

c) L’Actualité des Concepts de Développement Anticoloniaux

  • Gbassycolo Konaté (Collectivité des artistes écologiques Faso Kele / Afrique-Europe-Interact, Guinea)
  • Hamado Dipama (Groupe de travail Panafricanisme, Munich)

d) Mouvements Sociaux en Afrique, la Crise Écologique et les Alternatives aux Politiques de Développement

  • Victor Nzuzi (Fermier et activiste, Afrique-Europe-Interact / La Via Campesina, DR Kongo)
  • Nnimmo Bassey (architecte et écologiste militant, Nigeria – sollicité)

11 h 30 – 19 h : Ateliers, Films et Rencontres d‘Interconnexion (cf. si-dessous)

20 h – 20 h 30 : Théâtre
„Eldorado – Europa“: Riadh Ben Ammar (Afrique-Europe-Interact/ Théâtre pour la liberté de mouvement)

20 h 30 – 22 h    Débat Public: La Criminalisation de la Migration et le Plan Marshall avec l’Afrique – Les deux Faces de la même Médaille?

  • Alassane Dicko (Afrique-Europe-Interact, Mali)
  • Rex Osa (Activiste des réfugiés, Stuttgart)
  • Napuli Paul Göhrlich (Activiste des réfugiés, Berlin)

A partir de 22 h : Fête, Concert, Danse, Film
 
Dimanche

9 h 30 – 11 h : World-Café sur les Questions Clés de la Conférence

11 h 30 – 13 h : What’s next? Quelques Conclusions après Deux Jours de Discussion. Un Débat final et une déclaration finale

Avec des inputs d’Emmanuel Mbolela (Afrique-Europe-Interact, Pays-Bas) et Maria do Mar Castro Varela (Alice-Salomon-Hochschule, Berlin – sollicitée)

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Liste des Ateliers de la Conférence

Vous trouverez ici une vue d’ensemble des ateliers qui auront lieu à la conférence. Dans les prochaines semaines, nous ajouterons des informations complémentaires sur leurs contenus. La liste des conférenciers/conférencières vous trouverez en bas

1. Migration: De la Nécessité de Partir

  • Rester ou Partir? Les Risques et les Opportunités des Campagnes d’Information entre les Jeunes des Pays Africains
  • La Migration circulaire comme Alternative à l’Expulsion et à la Sortie „Volontaire“
  • Vivre avec le Stress: les Réfugiés entre Isolement, Racisme et Peur de l’Expulsion
  • Hausser le Ton – les Magazines Organisés de manière Autonome par et pour les Femmes Réfugiées et Migrantes

2. Les Causes de la Fuite présentées dans une Perspective Décoloniale

  • L’Agro-industrie contre l’Agriculture paysanne
  • Changement Climatique et Migration
  • L’Exploitation des Ressources et l’État Corrompu (Congo, Niger et Mali)
  • L’Occidentalisation: Identification des Élites Africaines aux Stratégies de Pensée et d’Action Occidentales
  • Écocide dans le Delta du Niger: Fuite et Migration comme Conséquence de la Politique Occidentale vis-à-vis des Matière Première
  • L’Héritage Colonial: la Domination des Langues Coloniales dans les Systèmes d’Éducation des Pays Africains
  • Les Conséquences des Accords Commerciaux Néolibéraux entre l’Afrique et l’Europe
  • Justice Globale, Changement Climatique et Migration

3. Perspective Critique sur les Politiques de Développement et les Alternatives Possible

  • La Politique de Développement dans ou avec des Régimes Autoritaires. Comment y résister ? L’Exemple de l’Éthiopie
  • Comment les Émigrant(e)s contribuent à un Développement Autodéterminé grâce aux Virements de Fonds et au Transfert d’Expérience
  • L’Histoire de l’Inégalité entre le Nord et le Sud dans une Perspective du Post-Developement
  • Alternatives au Modèle de Développement Occidental dans le Mouvement Zapatiste
  • D’une Vie aux Dépens des Autres vers une Solidarité Globale
  • L’Agriculture Écologique et la libre circulation: le Village d’Artistes Faso Kele en Guinée
  • L’Agriculture Commerciale, l’Émigrant(e)s et le Rôle des Syndicats. L’Exemple de l’Afrique du Sud

4. Alliances et Coopérations: Ensemble pour la Justice Globale

  • Relations Transnationales: le Travail de Voix des Migrants en Europe et au Cameroun
  • Réparations de la Mise en Esclavage et de la Destruction Écologique – Expérience de la Caraïbe
  • Gérer l’Inégalité des Rapports de Force et l’Existence de Privilèges dans la Coopération Transnationale. Des Expériences du Travail d’Afrique-Europe-Interact
  • La Diaspora rencontre le Mouvement des Réfugiés: les Possibilités et les Limites de la Solidarité

Films et Expositions

Il y aura plusieurs petites expositions dans l’espace de repos. Par ailleurs, les films suivants seront présentés:

God is not working on Sunday!, Rwanda 2015, 84 Minutes
Un film lauréat sur la situation des femmes après le génocide au Rwanda en 1994. Sans moyens financiers et sans éducation, quelques femmes ont réussi à créer un réseau social autonome et vivant, qui joue un rôle important dans le processus de réconciliation et de changement social. En présence de la réalisatrice Leona Goldstein

La révolution à main nue. La trajectoire d'un peuple, Ouagadougou/Vienne 2015, 90 Minutes
Un film sur la révolution au Burkina Faso en octobre 2014. Hans-Georg Eberl (qui a produit le film en collaboration avec Moussa Ouédraogo) sera présent.

Cameroun – Autopsie d'une indépendance, France 2008, 52 Minutes
La guerre secrète et sordide de la France contre le mouvement indépendantiste au Cameroun. Le cinéaste Richard Djif et l’auteur du livre Péguy Tadkou Ndie présenteront le film.

Concerning Violence, Suède/USA/Danemark/Finlande 2014, 85 Minutes
Documentaire sur le colonialisme tiré du célèbre livre anticolonial „Les Damnés de la Terre“ de Frantz Fanon.

L'homme qui a arrêté le désert, 2013, 52 Minutes
Le fermier Yacouba Sawadogo a réussi – par des méthodes d’agroforesterie – à arrêter l’aggravation de la désertification dans son village au Nord du Burkina Faso.
 
Les Conférenciers

Mercia Andrews (Directrice de Trust for community outreach and education, l’Afrique du Sud), Riadh Ben Ammar (artiste du theatre, AEI, Berlin), Olaf Bernau (AEI, Bremen), Daniel Bendix(glokal, Berlin), Ulrich Brand (Université Vienne, Autriche), Julia Daiber (AEI, Bremen), Tahir Della (Initiative Schwarze Menschen in Deutschland, ISD / glokal), Abbas Diallo (AEI, Magdeburg), Alassane Dicko (AEI, Mali), Hamado Dipama(Groupe de travail Panafrikanismus, Munich), Peter Donatus (Militant pour l’environnement et les droits des hommes, Cologne), Stephan Dünnwald(Bayrischer Flüchtlingsrat, Munich), Richard Djif (Cinéaste, AEI, Berlin), Carina Flores (Entwicklungspolitisches Netzwerk Sachsen, Leipzig), Dorette Führer (AEI, Bremen), Geraud Potago (NoStress-Tour), Hans-Georg Eberl (AEI, Wien), Gustavo Estava (Activiste du Post-Development, Mexico), Julia Friese (AEI, Guinée), Conni Gunnßer (Flüchtlingsrat Hamburg), Miriam Gutekunst (Konzeptwerk Neue Ökonomie, Leipzig), Leona Goldstein (Cinéaste, Berlin), Ousman Oumarou Hamani (AEI, Bremen), Nyima Jadama (Journaliste, Freiburg), Gbassycolo Konaté (Faso Kele, Guinée), Lydia Lierke (Konzeptwerk Neue Ökonomie, Halle), Boniface Mabanza(Kirchliche Arbeitsstelle Südliches Afrika, KASA, Heidelberg), Manuela Matthes (Friedrich-Ebert-Stiftung, Berlin), Emmanuel Mbolela (AEI und ARCOM, Pays-Bas), plusieurs activistes (Corasol, Berlin), Ermyas Mulugeta (Politologue, Potsdam), Franziska Müller, Université Kassel / kassel postkolonial), Lucía Muriel (Bundesverband Migration, Entwicklung und Partizipation, Berlin), Dora Sandrine Ndedi (Activiste, Berlin), Péguy Tadkou Ndie (Auteur, AEI, Berlin), Victor Nzuzi (La Via Campesina, République démocratique du Congo), Rex Osa (Activiste des réfugiés, Stuttgart), Carolina Tamayo Rojas (Bielefeld), Miguel Ruiz (Entwicklungspolitisches Netzwerk Sachsen, Leipzig), Matthias Schmelzer (Konzeptwerk Neue Ökonomie, Berlin), Trésor (Voix des Migrants, Berlin), Miriam Trzeciak (Université Kassel), Ekanga Claude Wilfried (Auteur, Frankfurt), Darik Yonkeu (NoStress-Tour, Berlin), Aram Ziai, Université Kassel / kassel postkolonial. ET AUTRES…

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Informations pratiques

Langues: Pendant la conférence il y aura des interprétations simultanées en anglais et français. Au delà nous faisons un effort d’offrir aussi d’autres traductions – selon le besoin.

Des couts de participation et de transport: La contribution de participation selon auto-évaluation : 0-60 Euro. Tout le monde devrait être capable de participer. C’est pourquoi nous voulons prendre en soin les couts de transport de ceux qui ne peuvent pas financer leur transfer. Pour réaliser cela nous demandons une contribution de participation solidaire d’eux qui ont les moyens.

*Alimentation:* Il y a des repas végetaliens sur la base des dons (cuisine pour tous).

*Logement:* Pour tout le monde qui n’ont pas la possibilité d’avoir une place à dormir à Leipzig nous en organisons des places gratuites.

L’inscription : tout les infos sur la conférence et les contenus supplémentaire sont accessible sur : https://www.degrowth.info/fr/autodetermine-solidaire et www.afrique-europe-interact.net

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L'appel pour la conférence (écrit par Afrique-Europe-Interact):

La décolonisation comme origine de la migration

Depuis l’été 2015 où l’arrivée de réfugié-e-s a complètement chamboulé la politque européenne aux frontières de l’Europe, les possibles causes de migration sont devenues un sujet permanent en Europe, et particulièrement concernant les pays africains. Les gouvernements européens espèrent en effet que, le nombre de nouvelles arrivées de réfugié-e-s pourra diminuer.

Grâce à plusieurs programmes de milliards d’euros, comme le «plan Marshall avec l’Afrique» ou bien celui plus récent faisant suite au sommet du G20 à Hambourg, «Compact with Africa», doivent favoriser les investitions privées de pays riches. Ce n’est que de cette façon, dit-on, que des impulsions de croissance peuvent apparaître, qui pourront à long terme permettre un essor économique et ainsi créer de nouveaux emplois en Afrique. D’un autre côté, l’Europe continue d’être affairée avec le déplacement de sa politique de protection des frontières. Une coopération avec des dictatures comme le Soudan ou l’Erithréee ne l’effraie pas, pas plus qu’un partenariat avec les gardes-côtes lybiens, alors que même le ministre des Affaires étrangères décrit la situation dans les camps lybiens d’»horreur pure».

L’exposition à de gravissimes violations des droits de l’homme est scandaleuse. Pas moins dramatique est le fait que les stratégies de développement servent en premier lieu les intérets de multinationales mais pas le bien-être des pays concernés, ce dont il est en fait question. Trois aspects sont surtout à considérer, en vue également de la conférence pendant laquelle nous voulons relier différents thèmes entres eux. Tout d’abord, les rapports catastrophiques sociaux, économiques et politiques dans le sud du globe sont le résultat de rapports de dominance et d’exploitation ancrés dans le colonialisme depuis des centenaires, le résultat également du déploiement ou de la protection «occidentale» des gouvernements. Chaque discours sur le développement doit faire face à cet héritage complexe, un simlpe «on continue comme ça» s’interdit de soi-même. Deuxièmement, il est trompeur de présenter la migration et le développement comme étant contraires, comme c’est le cas en général en politique. En effet, réfugié-e-s et migrant-e-s (chevauchements entre ces deux groupes) apportent à travers des virements réguliers d’argent vers leur familles et ami-e-s une contribution significative au développement de leurs sociétés d’originie. Là où la politique de migration les en empêche, pèse la menace de difficultés financières pour le pays d’origine concernant l’alimentation, la santé et l’éducation scolaire, tous ces domaines pour lesquels les virements sont normalement utilisés. Troisièment, le monde est traversé par des crises écologiques diverses, en ce qui concerne principalement le climat, la qualité du sol, l’eau et la biodiversité. Une croissance économique illimitée, même l’hémisphère sud, n’est donc pas une solution. D’autres débats doivent avoir lieu, surtout concernant la question de ce que l’on comprend par «développement autoderterminé». Ainsi, de nombreuses questions devraient être soulevées lors de la conférence:

  • Pour quelles raisons quittent les réfugié-e-s et migrant-e-s leur pays? Phrase-repère: «Nous sommes ici, parce que vous détruisez notre pays!».
  • Que sous-entendons-nous, quand nous exigeons le droit au développent autodéterminé? S’agit-il de l’assouvissement des besoins primaires, ou bien avons-nous d’autres cconcepts en tête sur le changement de toute une société? Est-il adéquat de parler de «développement» ou devons-nous plutôt utiliser d’autres termes?
  • Quels concepts ou stratégies alternatives à des modèles de développement occidentaux existent-il déjà? Que pouvons-nous apprendre de concepts tels que ceux de la «souverainité alimentaire», « Buen Vivir», «justice climatique», «la décroissance» ou le «postdéveloppement»?
  • Dans quels domaines doivent apparaître des changements, au niveau global, national et local, pour qu’un tel développement autodéterminé soit possible?
  • Comment peuvent les migrant-e-s et réfugié-e-s en Europe, ou les communautés hors Europe (diaspora), soutenir d’en-dessous les chemins de développement alternatifs dans leurs pays d’origine de manière politique, financielle et sociale, ainsi que dans le cadre de migration circulaire? Et comment peuvent participer des personnes sans passé migratoire?
  • Dans quelle direction doivent se développer les pays riches (incluant les classes de consommateurs transnationales du nord et du sud), si la perspective d’un collaps écologique (et climatique) n’était pas à venir? Concrètement, dans quelle mesure les économies des pays industriels riches doivent diminuer, ou par quelles autres formes économiques doivent-elles être remplacées afin que les hommes et les femmes des pays de l’hémisphère sud rendus pauvres depuis des centaines d’années puissent enfin respirer et s’autoderterminer.

Pour conclure, notre conférence s’intitule «autodéterminé et solidaire», d’une part pour contredire toute prise de position qui pourrait considérer le développement comme une copie du chemin de modernisation occidentale capitaliste. Et d’autre part pour montrer clairement que la solidarité globale ancrait comme condition préalable les activités collectives, et étant ainsi orienté aux véritables intérets des personnes et aux processus de développement. L’essayiste Frantz Fanon (1925-1961), originaire de Martinique et reconnu pour son oeuvre sur le thème de la libération des peuples soumis, décrit dans son livre le plus connu «Les damnés de cette terre» le processus de décolonisation comme autodétermination: «La colonisation n’a jamais eu lieu de façon inaperçue car elle concerne l’être directement, elle le modifie de manière profonde, transforme les spectateurs, de manière non-pertinante, en acteurs privilégiés qui sont pris en consédiration et leur donne, pour ainsi dire, une forme grandiose sous les projecteurs de l’histoire. Elle introduit dans l’être un rythme propre apporté par les nouvelles personnes, une langue, une nouvelle humanité.»

Concepts de développement alternatifs

Depuis toujours, «développement» appartient aux termes les plus controversés dans les débats politiques nord-sud. Les un-e-s le considère comme indispensable, d’autres le rejette. Nous l’utilisons avec l’ajout «autodéterminé». C’est pourquoi lors de la conférence, différents concepts de développement vont jouer un rôle important, même en prenant en considération certaines positions issues de l’histoire récente:

Dans les deux premières décennies après la deuxième guerre mondiale, 50 anciennes colonies ont obtenu leur indépendance, donc l’Inde en 1947, l’Indonésie en 1949 et 17 pays africains en 1960. L’enthousiasme initial était énorme, beaucoup de pays voulaient compenser l’avance technique des pays industrialisés par une industrialisation rapide, l’optimisme n’avait à priori aucune limite. C’est ainsi que s’exprimait le premier président du Ghana indépendant, Kwame Nkrumah, «que nous, Africains, avec notre sagesse et notre croyance profondément ancrées, notre respect inné pour la vie humaine, notre humanité prononcée et inhabituelle qui est notre héritage, réunis sous un gouvernement fédéral, nous n’allons pas simplement créer un nouveau bloc qui fera parade de sa richesse et de ses forces, mais une grande puissance dont sa grandeur sera indestructible car elle ne reposera pas sur la peur, l’envie et la suspiçion ni n’aura été construite aux dépens d’autrui, mais sera créée sur l’espoir, la confiance, l’amitié et aura pour but le bien-être de toute l’humanité.»

En même temps, les théories de dépendance apparaîssaient progressivement, ancrées principalement en Amérique du sud qui ne ramenaient pas la constitution sociale des pays pauvres à un manque interne d’éducation ou de démocratie, mais qui ramenait à son intégration asymétrique dans le marché mondial. A ce propos, l’écrivain uruguayiens Eduardo Galeano publiait en 1971 son ouvrage «Les veines ouvertes de l’Amérique latine», dans lequel il traite du colonialisme, sous ses aspects anciens et nouveaux. Une année plus tard, c’était l’historien et Panafricain Walter Rodney (1942 – 1980), originaire de Guyana, qui publiait également un ouvrage sur ce thème, «How Europe underdeveloped Africa» (fr: ?Comment l'Europe sous-développa l'Afrique : analyse historique et politique du sous-développement). Principalement depuis les années 1970 dans le milieu politique de développement, les stratégies ne mettaient pas en doute la dure nécessité du marché mondial capitaliste, mais tenaient bon à l’idée traditionelle de développement. Par exemple, le géographe allemand Theo Rauch, définit le développement social «comme processus de l’augmentation de la capacité sociale à trouver des solutions autodéterminées et justes dans leur contexte, et à anticiper des solutions sur des problèmes à venir, où l’assouvissement des besoins (matériels et immatériels) fondamentaux universels et reconnus est pris en consédération et sert de référence dans l’identification des problèmes.»

L’approche par les capabilités (Capability Approach) développé par Amartya Sen et Martha Nussbaum reçu une grande reconnaissance, non seulement au sein des institutions de développement international comme la banque mondiale, mais également au sein d’initiatives d’activistes. Selon cette approche, la pauvreté, à différencier du revenu de pauvreté, devrait être déterminée comme blocage pour subvenir aux capacités de base nécessaires à la maîtrise de son existence. Les blocages à ces capacités, comme les maladies, le manque d’alimentation, l’accès limité à la connaissance,…, serait donc le noyau central du problème de la pauvreté.

Depuis les années 1980, de plus en plus acteurs-actrices du postdevelopement ont été actifs-actives et entendu-e-s. Ils-Elles critiquaient le fait que le projet colonial de «civiliser les non-civilisé-e-s» avait été en fait remplacé après la guerre par le projet technocratique «Développement des sous-développé-e-s». D’autres projets de société ne sont pas respectés comme étant des possibilités équivalentes d’organisation d’un vivre ensemble. Il est donc d’autant plus important de ne pas mettre la qualité de vie sur le même plan que la somme des produits achetés, mais plutôt de s’orienter à des valeurs comme l’hospitalité, la dignité et la solidarité. Les protagonistes du post-développement ont beaucoup de points communs avec l’approche Buen Vivir, qui s’est développée à partir de mouvements indigènes et de mouvements féministes et qui apporte une grande importance à la protection des ressouces écologiques. De cette manière, d’autres concepts comme la souverainité alimentaire ou des perspectives du mouvement d’Inde Adivasi jouent un rôle important.