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28.01.2013 | Lettre ouverte à Madame Ursula Schule Aboubacar de UNHCR

Chère Madame Ursula Schulze Aboubacar,

nous sommes des militantes et militants et des observateurs de différents lieux dans le monde. Des ami(e)s qui n'ont aucune perspective de vie à Choucha nous ont informés qu'ils manifestaient à Tunis, en appelant à l'HCR ainsi qu'aux ambassades de Etats Unis et de l'UE.

Les manifestant(e)s sont des réfugié(e)s qui ont déposé une procédure de demande du statut de réfugié, et n'ont pas été reconnus comme tels. Selon vous, ils sont des migrant(e)s qui ne répondent pas aux critères qui leur permettraient de relever la compétence du HCR. En conséquence, il leur sera demandé de quitter la région et de regagner leur pays d'origine – sans que ne soient prises en compte les persécutions, la guerre civile ou la pauvreté auxquelles ils peuvent être confrontés.

Certains d'entre nous ont rencontré des personnes à qui l'agence des nations unies pour les réfugiés refusent depuis octobre nourriture et soins médicaux. Ils risquent à présent d'être déportés car ils sont en situation irrégulière en Tunisie.

Nous avons écouté le récit qu'ils font de leur situation, et d'importants écarts apparaissent, de toute évidence, entre ce qu'ils nous relatent sur les événements à Choucha et ce que veut nous faire croire le HCR, fortement dépendant de sa bonne réputation et de son budget afférent.

Cependant, même votre propre personnel s'accorde à dire que les moyens en termes d'interprètes lors des auditions RSD étaient inadaptés. Et vous serez probablement d'accord sur le fait qu'il est inacceptable d'utiliser des réfugiés complètement inexpérimentés en interprétariat comme interprètes auprès d'autres réfugiés – particulièrement dans cette situation où les auditions RSD sont lourdes de conséquences pour chacun d'entre eux.

Nous avons été choqués d'entendre des réfugiés de Choucha nous expliquer comment le personnel était incapable de traiter leur demande du statut de réfugié. Dans de nombreux cas, le HCR n'a pas respecté ses propres directives pour les audiences de détermination de statut.

Un exemple de l'insuffisance de l'application des procédures du HCR est la manière dont sont traitées les personnes qui contestent leur première audience à cause de l'absence d'un interprète impartial, conduisant à un échange d'informations biaisé et partiel. Il est choquant qu'ils aient été confrontés au même interprète, membre de la faction ennemie dans le conflit, lors de la seconde audience. Le HCR ne devrait pas commettre des erreurs aussi graves s'il veut conserver sa bonne réputation ! Qui plus est, de nombreux amis à Choucha se plaignent des conditions de vie insupportables dans le camp, et du fait qu'ils se sentent abandonnés et socialement exclus par le HCR. Nous aimerions vous rappeler les terribles émeutes, le pillage et l'incendie de mai 2011, durant lesquels de nombreuses personnes ont été blessées et doublement traumatisées par la vision de leurs amis qui périssaient dans les flammes. Le HCR s'est complètement retiré du camp et n'a pas rempli sa mission, qui est d'offrir protection aux réfugiés. Nous soulignons et désapprouvons le fait que durant les mois qui ont suivi, le HCR n'a analysé ni ces événements, ni leurs causes. Une autre occasion pour le HCR et son organisation partenaire de se retirer du camp pour des « raisons de sécurité » s'est présentée lors de la grève des travailleurs à Choucha début 2012.

De toute évidence, le personnel du HCR s'est préoccupé de sa propre sécurité et a tout simplement laissé les réfugiés sans référent officiel, dans cette situation dangereuse.

Nous avons appris que le budget 2012 de l'HCR pour le camp de Choucha a été réduit. Puisqu'il y a moins de personnes à Choucha, il y a moins de tâches à accomplir : aussi ne comprenons-nous pas du tout comment vous avez pu introduire « l'identifiant réfugié » et ainsi exclure des personnes de l'aide alimentaire et médicale, en les signalant comme « demandeurs d'asile rejetés ». On ne donne même pas de lait aux nourissons. Bien sûr, selon votre définition, vous ne vous sentez pas responsables de ces migrants – cependant, vous avez pu vous rendre compte que ces personnes n'ont pas le choix de retourner en Lybie ou dans leur pays d'origine.

Séjourner en Tunisie en dehors du camp s'est déjà traduit par des arrestations, ce qui signifie que les autres demandeurs d'asile déboutés sont de facto contraints à rester dans le camp. Leur refuser ne aide humanitaire n'est pas acceptable!

Le camp de Choucha continuera d'exister jusqu'en juin 2013. Ce qui signifie que vous avez la possibilité de remédier aux lacunes existantes. Et surtout, de répondre aux demandes largement justifiées des manifestant(e)s pour que leurs requêtes d'asile soient réexaminées dans des conditions plus satisfaisantes.

Pour ces raisons, nous soutenons les exigences de nos amis en grève à Choucha:

  • La réouverture des dossiers de demande d'asile pour tous les déboutés!
  • La reconnaissance du droit de chacun à rester dans le camp, ainsi que
  • L'accès à la nourriture et aux soins médicaux pour tous!
  • L'accès à la procédure de réinstallation pour tous

Après toutes les négligences du HCR à Choucha, vous devriez finalement reconnaître vos responsabilités et écouter les réfugiés manifestants. Au nom des organisations et personnes signataires, nous exigeons de votre part une réponse à leurs demandes.

Signatories / Signataires / Unterzeichnende:

  • Achim Rollhäuser, Lawyer, Athens, Greece
  • Afrique-Europe-Interact, International
  • All Included Amsterdam, Netherlands
  • Andrea Ciannavei, New York, USA
  • boats4people, International
  • borderline-europe – Menschenrechte ohne Grenzen e.V, Germany
  • Café Exil, Hamburg, Germany
  • Caroline von Taysen, Berlin, Germany
  • Charlotte Bomy, France
  • Christine Poppitz, Rüx/Zettlitz, Germany
  • Conseil des Migrants au Maroc, Morocco
  • David Gerald Caudwell Landau, London, United Kingdom
  • Eva Weber and Helmut Dietrich; Research Center on Flight and Refugee, Forschungsgesellschaft Flucht und Migration e.V., Germany
  • Flüchtlingsrat Hamburg, Germany
  • Flüchtlingsrat Niedersachsen, Germany
  • Flüchtlingsrat Wiesbaden, Germany
  • Free movement – network, Finland
  • grenzenlos | leipzig, Germany
  • Hermann-Josef Hardt, Flüchtlingsrat Hamburg, Germany
  • initiative “ausbrechen”, Büren, Germany
  • Ivan Jurica, Austria and Slovakia
  • Karina Brinkhoff, Germany
  • kein mensch ist illegal hanau, Germany
  • Kornelia Metzing, AK Ausländer und Asyl Freiberg e.V., Germany
  • Manuel Junghans, Freiberg, Germany
  • Marc Eichberger, Berlin, Germany
  • Nadine Henkel, Frankfurt am Main, Germany
  • noborder ffm, Germany
  • Occupational Art School, Occupational Arts and Novads, Brooklyn, USA
  • PrekaerCafe, Austria
  • Ralph-Eric Berg, Doctor, Berlin, Germany
  • René Rumpf, Germany
  • Sandro Mezzadra, Professor, University of Bologna, Italy
  • Solongo Baldandorshijo, Germany
  • Stiftung :do, Germany
  • Theda Ohling, Germany
  • Ulrike Beudgen
  • welcome2europe, International
  • Yael Dilger (M.A.), Hamburg, Germany
  • die protestierenden Flüchtlinge in Berlin Protest-Camp
  • Jasper Teunissen, Nijmegen, the Netherlands
  • ARACEM (Mali)
  • Ria Bovenkerk, Zaandam, Netherlands
  • Suzanna van der Meer, Wageningen, Netherlands
  • No Border Network Netherlands
  • Le Collectif des Communautés Subsaharienne au MAROC (CCSM)
  • Comitato Antirazzista Cobas Palermo
  • Le Conseil des Migrants au Maroc
  • L'ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France)