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Janvier 2014 | Report Choucha Delegation vom (18.01.-26.01. 2014)

Du 18 au 26 janvier 2014 nous avons été avec une délégation de cinq personnes en Tunisie. Nous sommes allés à Tunis, aux trois villes Ben Guerdane, Medenine et Zarzis au Sud de la Tunisie et au camp de Choucha près de la frontière tunisienne-libyenne, officiellement fermé au juin 2013, mais encore existant. Notre délégation consistait des représentantes de la fondation „Stiftung :do“, du réseau Afrique-Europe-Interact et du Flüchtlingsrat Hamburg (Conseil des réfugiés) d‘Allemagne, d’un membre du groupe article 13 en Tunisie et d’un réfugié soudanais accepté de Choucha, le speaker du groupe qui organise le sit-in devant l’office du HCR à Tunis depuis mars 2013 en revendiquant l’acceptation dans un pays sûr.

Le but de notre délégation a été avant tout de nous informer sur le programme local d’intégration, développé du HCR en coopération avec plusieurs organisations de la société civile après la fermeture du camp de Choucha au mois de juin 2013 comme alternative à la réinstallation. L’arrière-fonds de notre voyage étaient nos tentatives vaines d’arriver à plus d’acceptations des réfugiés au cadre du programme de la réinstallation allemande, décidé lors de la conférence des ministres d’intérieur en décembre 2011, prolongé et élargi en décembre 2013. L’argument central de la part des ministères d’intérieur était qu’il n’y aurait pas de besoin d’acceptation de plus de réfugiés de Choucha selon le HCR, parce qu’il existerait un programme local d’intégration bien fonctionnant (co-financé d’ailleurs avec 600.000 euros d’Allemagne) et que la sécurité en Tunisie ne serait plus un problème, non plus pour les réfugiés. Nous voulions vérifier la véracité de tout ça par rapport à la réalité lors de notre voyage.

Nos informations sont basées sur les rencontres suivantes:

1. Entretien d‘un membre de la délégation avec Julia Gouyou Beauchamps, responsable des relations extérieures au bureau du HCR à Tunis, lundi 20 janvier 2014
2. Entretien de la délégation avec deux volontaires du Croissant rouge (CR) à Ben Guerdane, le 22 janvier 2014
3. Entretien avec trois employés d’Islamic Relief (IR) à Ben Guerdane, 22 janvier 2014
4. Entretien avec Mongi Slim, président (volontaire) du comité régional du Croissant rouge à Medenine, le 23 janvier 2014
5. Entretien d’un membre de la délégation avec Rosa Zorzo, directrice du bureau du HCR à Zarzis, le 24 janvier 2014
6. Plusieurs entretiens avec des réfugiés de Choucha: 15 réfugiés environ devant le bureau du HCR à Tunis, le 19 janvier 2014, 20 réfugiés environ participant au programme d’intégration locale à Ben Guerdane et à Medenine, le 22 et 23 janvier 2014 et 30 réfugiés refoulés environ et 80 réfugiés acceptés environ au camp, le 24 janvier 2014

L’évolution et les buts du programme:

Le programme d’intégration locale a été développé comme mesure accompagnante à la fermeture du camp de Choucha pour les réfugiés, pour qui une réinstallation paraît impossible et qui ne peuvent pas et ne voudraient pas retourner dans leurs pays d’origine avec l’OIM. Il prend comme point de départ que premièrement, le gouvernement tunisien développerait et voterait avec l’aide du HCR une législation des réfugiés conforme à la convention de Génève, qui mettrait fin à la situation des réfugiés qui sont sans droit; deuxièmement, les réfugiés pourraient trouver du travail au sud de la Tunisie qui assurait leur existence et troisièmement, des formations, des entraînements et la sensibilisation de la société civile produiraient un climat social positif par rapport aux réfugiés.

La stratégie du HCR concernant la Tunisie après la guerre en Libye prenait comme point de départ que la Tunisie ne serait pas un pays avec peu de sécurité pour les réfugiés (dit par Julia Beauchamps). Nous ne comprenons pas en quoi consiste cette supposition, regardant la situation pour les migrants de transit et les réfugiés sous Ben Ali pas assez clarifiée jusqu’à aujourd’hui. Après qu’au temps de guerre le plus dramatique jusqu’à un demi million de réfugiés est venu en Tunisie, on devrait empêcher en tout cas la fermeture de la frontière par la Tunisie. Selon Julia Beauchamp la „Global Resettlement Solidarity Initiative“ (initiative solidaire de réinstallation globale), sur laquelle a été basée la réinstallation pour des réfugiés de Choucha du février 2011 jusqu’à la fermeture du programme le 1 décembre 2011, a été créée entre autres pour ça. Les réfugiés qui sont en Tunisie depuis la fin de la guerre, l’initiative de réinstallation et le rapatriement par l’OIM seraient à surmonter (« managable ») pour le pays. Ces considérations sont étonnantes parce que le HCR critique justement que la grande majorité des réfugiés reste dans les pays en voie de développement qui luttent déjà contre leurs problèmes de grande pauvreté et un taux de chômage élevé de la propre population1 et se retrouvent même sous « une haute pression de migration », ainsi la Tunisie, quittée par 40.000 jeunes Tunisies environ comme Harragas (« qui brûlent ») après que les contrôles frontaliers n’ont plus eu lieu suite à la révolution.

En plus, il y a encore des réfugiés qui arrivent en Tunisie et qui ne voulaient pas y aller. Selon les chiffres du HCR 700 réfugiés ont été sauvés ou arraisonnés par des pêcheurs de Zarzis ou le corps de garde-côtes depuis début 2012, qui, s’il reçoivent le statut de réfugié par le HCR, « devraient » rester en Tunisie. Comme ces „nouveaux-arrivants“ viennent en majorité de la Somalie et de l’Éritrée, il est probable qu’ils soient acceptés comme réfugiés.

La stratégie du HCR en Tunisie vise de fait à faire de la Tunisie un pays d’accueil sûr pour des réfugiés qui sont sur le chemin à l’Europe. De cette manière le HCR participe à la politique d’externalisation de la protection des réfugiés, ce qui est contraire à ses propres principes humanitaires.

Chiffres:

Selon les informations du HCR de janvier 2013 1.049 réfugiés, qui sont sous le mandat du HCR, se trouvent au sud de la Tunisie, dont 100 personnes environ à Choucha, le reste dans les villes autour prévues pour l’intégration locale Ben Guerdane, Medenine et Zarzis. Seulement 700 d’eux sont des réfugiés « nouveaux-arrivants » (arrivés depuis 2012 en bateau), qui sont logés en majorité à Medenine. Apparemment il n’y a pas d’informations actuelles á propos du nombre des réfugiés refoulés – pendant le séjour de notre délégation à Choucha nous avons rencontré un groupe des employés de l’OIM qui voulait rechercher à Choucha combien de réfugiés se trouvent encore au camp, mais ne recevait pas de réponse. Selon de vieilles estimations l’OIM part de 260 réfugiés refoulés environ. Le HCR et aussi les organisations de la société civile essaient jusqu’à maintenant sans succès d’évoluer des offres par des financeurs non-étatiques pour ces réfugiés qui n’ont aucun soutien.

Outre un service médical de premiers soins en cas d’urgence par le Croissant rouge qui est cofinancé « par générosité » (citation Mongi Slim) par le gouvernement tunisien, ces efforts sont restés sans succès jusqu’à maintenant. En tout (si nous ne faisons pas de différence entre des réfugiés acceptés et refoulés) 600 anciens « habitants » du camps de Choucha se trouvent encore au sud de la Tunisie. Mais selon notre estimation le camp de Choucha sert partiellement à beaucoup plus de personnes que les 100 réfugiés acceptés et le nombre inconnu, mais au moins égal au nombre des refugiés refoulés comme lieu de séjour. Beaucoup de réfugiés sont rentrés à Choucha pour un manque de sentiment de sécurité et pour le loyer cher après avoir essayé de s’intégrer dans les villes autour. Ils font la navette entre Choucha et Ben Guerdane pour y travailler. Leurs revenus sont la source essentielle pour les réfugiés qui restent à Choucha. Pendant nos entretiens à Choucha nous avons eu l’impression qu’il s’agit surtout des femmes avec des enfants et des personnes âgées qui vivent durablement à Choucha. L’histoire de S. est exemplaire pour beaucoup de femmes qui ont d’abord accepté l’intégration locale, mais qui sont rentrées à Choucha par peur des actes de violence : Son fils a été battu par des Tunisiens et sa tête piétinée par des bottes. Depuis, il a des problèmes psychiques. Elle ne s’est plus sentie sûre à Medenine et est rentrée à Choucha parce qu’elle y retrouve au moins la protection et la solidarité de sa communauté et parce que le militaire (qui est en même temps méfié) est encore présent – malgré l’eau et l’électricité coupées et une situation alimentaire plus que précaire.

Il y a aussi un „retour“ des réfugiés qui ont accepté l’intégration locale à Medenine à Ben Guerdane, plus proche de Choucha. Là, les habitants sont au moins informés sur Choucha et sont moins méfiants et moins dépourvus de compréhension qu’à Medenine. Kh., un réfugié de la Somalie décrit la situation à Medenine : « A Medenine on nous demande chaque jour : Pourquoi est-ce que vous êtes ici, d’où venez-vous et qui est-ce qui vous paye ? Ils ne savent rien de nous. »

Situation légale:

Il n’a pas été possible d’appliquer l’élément le plus important de l‘intégration locale : Aucun réfugié a reçu jusqu’à maintenant des permis de résidence et de travail. Le HCR même considère l’insécurité juridique comme le problème majeur et fait encore et toujours référence à ses tentatives constantes de conseiller le gouvernement tunisien à propos du vote d’une législation sur les réfugiés. Mais initialement il a été prévu que les réfugiés profiteraient déjà avant d’une initiative juridique et de longue durée des permis de séjour provisoires. Pour la crise politique en Tunisie depuis l’assassinat de deux hommes politiques de l’opposition, le pays et l’administration ont été véritablement paralysés de sorte que ce projet de délivrance de permis de séjour promis n’a pas été réalisé. En effet, au niveau interparlementaire il y a eu des entretiens permanents entre le HCR et les ministères qui s’occupent d’une législation sur les réfugiés. La nouvelle constitution, votée le 27 janvier 2014, garantit le droit à l’asile politique.2 Mais il manque encore le cadre juridique pour une législation sur les réfugiés et on doit croire que le nouveau gouvernement de transition ne commencera pas d’initiatives législatives à longue durée avant les élections prévues avant fin 2014.

Le soutien financier:

Après la fermeture du camp de Choucha les réfugiés ont reçu un montant exceptionnel de 1.500 Dinar3 et des moyens matériels comme par exemple des matelas pour fonder leur propre ménage. En plus, un soutien financier de 90 Dinar au début et ensuite, considéré comme non-suffisant, 120 Dinar par mois est prévu comme pour des moyens d’existence. La contribution aux moyens d’existence est conforme au nombre des membres du ménage de sorte qu’elle est plus haute pour les familles. Le HCR a soutenu la recherche des logements. Il a été prévu que les réfugiés mineurs vivent avec un adulte de leur communauté, ce qui n’est pas toujours le cas. Les personnes interviewées nomment beaucoup de problèmes à propos de leurs propriétaires et du prix de leur loyer. Ils nous racontent des prix exagérés et des augmentations de loyer arbitraires et des tentatives des propriétaires de se faire payer des frais additionnels. Les mineurs ont eu des problèmes de payer leur loyer quand deux jeunes sont devenus adultes et ont dû déménager parce que le HCR a prévu le logement uniquement pour des mineurs. Le logement n’a pas été donné à d’autres mineurs et sans l’argent des deux jeunes adultes le loyer n’a pas pu être payé. Les factures de l’électricité et de l’eau sont devenues de plus en plus chères, de sorte que le budget mensuel n’a plus suffi et le propriétaire a coupé l’électricité et l’eau. Les Tunisiens souffrent aussi de plus en plus sous les augmentations des prix pour beaucoup d’articles du besoin quotidien. De cette manière, il est possible que certaines augmentations des prix par les propriétaires soient réelles, mais pas à maîtriser face aux maigres moyens d’existence. En plus, les propriétaires et les commerçants profitent souvent de la situation sans droit des réfugiés et demandent des prix élevés sans raison.

Education et formation/Sensibilisation de la société tunisienne:

Le HCR a chargé l’organisation internationale d’aide humanitaire Islamic Relief de proposer des mesures d’éducation et de formation, des cours de langue, des loisirs et des activités de sensibilisation de la population tunisienne. Il semble que les cours pour les profs et pour le personnel des hôpitaux ont eu lieu une fois seulement et n’ont pas pu apporter à un changement de conscience durable. Pour beaucoup de réfugiés qui ne viennent pas de pays arabophones la barrière linguistique est un grand problème. Ainsi des cours de langue ont été organisés pour des enfants pour qu’ils puissent participer au cours dans les écoles tunisiennes. 50 enfants vont à des écoles tunisiennes. Mais un groupe de jeunes somaliens que nous avons rencontrés nous a dit qu’ils ne pouvaient pas aller à l’école pour leurs problèmes de langue. Aux écoles et dans la vie quotidienne, les enfants sont confrontés à des préjugés racistes. A., une femme seule du Soudan avec quatre enfants, nous a raconté d’une agression à son fils qui a dix ans. Deux jeunes tunisiens lui ont posé un couteau à la gorge et ont voulu voler son vélo. Ils lui ont dit : « Si nous te tuons, ça n’intéresse personne. » Le garçon a depuis des douleurs à la gorge et peur de quitter la maison. Un autre garçon a eu un conflit avec un élève tunisien et s’est battu avec lui. Après, le père du garçon tunisien est venu avec son fils au cours, l’a pointé du doigt et a dit à son fils : « Tape cet esclave comme il t’a tapé. » Les enseignants ne sont pas intervenus.

Avant la fermeture de Choucha on a fait une recherche des professions des réfugiés et ensuite proposé les formations suivantes : coiffeur, mécanicien de voiture, électricien, cuisinier, pâtissier et couture. Parmi les 100 personnes qui se sont intéressés au début seulement 47 ont commencé une formation et selon le HCR Tunis une minorité a terminé ces cours. Dans nos entretiens beaucoup de réfugiés ont nommé des problèmes de langue comme origine de leur non-participation. Le nombre bas de participants indique que les formations n’ont pas été proposées conforme aux intérêts des réfugiés, ce qui a été confirmé par quelques personnes concernées, dont les professions désirées n’ont pas été prises en considération. Beaucoup de réfugiés n’ont pas été demandés s’ils veulent faire une formation, mais ont reçu leurs frais initiaux et signé qu’ils quitteraient le camp.

Micro-projets/caisse à outils:

Similaire aux petites sommes offertes dans les programmes de rapatriement de l’OIM pour des « réfugiés prêtes à revenir », le HCR a développé des micro-projets pour des réfugiés pour commencer des petites entreprises. Islamic Relief a proposé des conseils et un soutien de gestion de projet et les réfugiés pouvaient proposer un business plan. Si ce plan était convaincant ils ont reçu un soutien jusqu’à 5.000 DT. Mais aussi dans ce domaine le statut de séjour manquant pose des problèmes : Pour ouvrir une entreprise les réfugiés ont besoin d’un partenaire tunisien, qui est officiellement le propriétaire. Pour protéger les réfugiés de l’abus par les seuls propriétaires légaux, IR a fait des contrats entre les Tunisiens et les réfugiés. Le caractère problématique de cette situation de propriété a été nommé par le directeur de IR lui-même, responsable de ces projets : « Si un propriétaire d’une entreprise tunisienne veut élargir son entreprise, il prend l’argent du réfugié, l’intègre dans son entreprise et voilà. » Tous nos interlocuteurs parmi les réfugiés ont souligné : « Comme nous n’avons pas de statut légal, le côté tunisien profite plus de ces projets ; l’entreprise va toujours sous le nom du Tunisien. »

Une deuxième mesure pour générer des revenus (income generating) sont les soi-disant caisses à outils : Des réfugiés reçoivent du matériel pour 2.500 Dinar pour s’installer à leur compte, par exemple des instruments de musique (pour jouer à des mariages), des outils (à prêter à des maîtres d’ouvrage) et des appareils pour coiffeurs. En tout moins de 20 réfugiés ont choisi ces deux occasions. Seulement un musicien semble d’avoir du succès, qui est toujours nommé comme exemple d’une « histoire de succès ». Le projet d’un restaurant d’un réfugié n’a pas marché et a dû être fermé après moins d’un mois. En ce qui concerne cela, l’histoire racontée par S., le réfugié du Tchad qui a voulu ouvrir le restaurant est contraire à ce qui est dit par le HCR. S. raconte que beaucoup de Tunisiens ont voulu manger gratuitement chez lui « parce que le restaurant est payé par le HCR » ; le HCR prête à S. qu’il a mis le projet en échec par exprès pour éprouver que ça ne marche pas et pour avoir ensuite une place de réinstallation. La méfiance des employés du HCR et d’IR nous semble typique, comme ils voient la responsabilité de l’échec seulement chez S. et exclurent avec véhémence la possibilité que des Tunisiens aient mangé au restaurant sans payer. Mais certainement on ne peut pas non plus exclure des abus de l’argent pour les micro-projets.

Les réfugiés ont le problème que beaucoup d’eux ont travaillé avant en Libye où ils ont gagné plus pour le même travail. Pour cette raison quelques uns ont essayé de retourner en Libye pour y trouver du travail. Mais la situation de sécurité en Libye est extrêmement tendue à cause des milices nombreuses et les luttes croissantes. Des milices et des forces étatiques contrôlent les réfugiés et les mettent pour des semaines et des mois en prison ou en centre de détention et demandent de l’argent de corruption pour ne pas le faire. H., un réfugié du Soudan, est resté 35 jours dans une prison libyenne. Il a appelé au secours du HCR, qui ne pouvait rien faire pour lui, et n’a pas été libéré que par une fuite après une mobilisation pour le travail hors de la prison. Surtout pour les réfugiés qui ne parlent pas l’arabe et qui n’ont pas vécu longtemps en Libye, il est extrêmement dangereux d’y aller (voir par exemple l’émission http://www.arte.tv/guide/fr/030273-454/arte-reportage?autoplay=1).

La majorité des réfugiés, avec qui nous avons parlé travaillent dans le secteur informel (construction, agriculture). Il existe un « trottoir des travailleurs journaliers » à Ben Guerdane, auquel les réfugiés attendent souvent très longtemps avant d’être engagé pour des petites activités. Ils y gagnent normalement 7 Dinar par jour et souvent ils ne reçoivent pas leur paiement. H., un réfugié du Soudan, nous raconte que « si nous allons ensuite à la police pour exiger notre paiement, ils nous disent que nous sommes des terroristes et que nous n’avons pas le droit d’être ici. » Bien qu’il s’agisse des activités que beaucoup de Tunisiens ne veulent pas faire malgré le taux de chômage élevé, beaucoup de réfugiés nous parlent de la « jalousie » et des agressions au « trottoir des journaliers » de sorte qu’ils doivent maintenant attendre à un endroit plus caché. IR nous a rapporté qu’ils avait reçu 50 demandes environ des employeurs tunisiens qui voudraient bien employer des réfugiés, connus comme « bon travailleurs ». Mais quand ils ont appris que les réfugiés n’ont pas de permis de séjour, ils ont retiré leurs offres.

Services de santé:

Après la fermeture du camp le HCR a négocié un accord avec les trois hôpitaux de la région : Les hôpitaux ont reçu du matériel et des médicaments pour soigner gratuitement les réfugiés de Choucha. Mais ça signifie aussi que les réfugiés n’ont qu’au sud du pays accès aux services médicaux. Le programme pour une intégration locale prévoit que les réfugiés restent au sud de la Tunisie. Ça pose question parce qu’ainsi les réfugiés de Choucha sont aussi réduits à une position inégale par rapport à leur liberté de mouvement, comme ils ne peuvent pas s’installer partout.

En plus, une médecin à Ben Guerdane qui a travaillé avant au camp de Choucha, est spécialement responsable pour les réfugiés. Le Croissant rouge sert d’intermédiaire entre les réfugiés et le service médical public en Tunisie. Il organise des rendez-vous pour des traitements spéciaux dans les hôpitaux universitaires et transmet les factures au HCR. En outre, le HCR est responsable des premiers soins en cas d’urgence et s’occupe à cause de son mandat humanitaire aussi des réfugiés refoulés. En plus une employée va une fois par semaine environ à Choucha pour y traiter des cas d’urgences. C’est problématique qu’il n’ y a plus de transport de malades depuis la fermeture du camp, ce qui représente un grand risque aussi pour les femmes enceintes.

Le travail du Croissant rouge est fait en majorité par des volontaires. L’assistance pour 1000 réfugiés environ dans la région est une exaction pour leur situation précaire et leurs blessures qui datent encore de la guerre en Libye, aussi pour le nombre bas du personnel, qui se montre aussi au contact avec les réfugiés. Beaucoup de réfugiés nous ont parlé du contact frais et même hostile aux gens du Croissant rouge et aux hôpitaux. Il y a des conflits supplémentaires par des malentendus « interculturels »: Les réfugiés ne connaissent pas les procédures dans le système médial tunisien et leurs besoins et revendications sont souvent considérés comme « exagerés », « ingrats » et « inadéquats ».

Les réfugiés sont très mécontents des services médicaux. Ils nous racontent des fausses médications – une fois des médicaments antidouleur pendant un an contre des douleurs d’estomac chroniques – jusqu'à des faux traitements qui a mené une fois à l’amputation d’une jambe. Beaucoup de problèmes des réfugiés sont liés à l’état mauvais du système médical en Tunisie. Souvent, il n’y a pas assez de médicaments nécessaires et les médecins ordonnent ce qui est là. Au contraire des Tunisiens qui peuvent se défendre en cas d’un faux traitement ou d’une négligence les réfugiés ne se sont pas en état de s’engager pour un meilleur traitement sans provoquer des conflits. Dans les régions rurales il y a un manque de médecins de sorte que le gouvernement tunisien vise une loi qui force de jeunes médecins de travailler les premiers trois ans après leurs études dans les régions en sous-effectif. Après la grève des étudiants en médecine ce projet de loi a été laissé tomber, mais il y a un manque de personnel et un grand changement du personnel au sud de la Tunisie. Les formations organisées par l’IR pour le contact aux réfugiés devraient être répétées régulièrement pour avoir un effet.

Racisme, „jalousie“, discrimination religieuse:

Nous avons vu pendant notre voyage que les agressions racistes sont un problème plus grand que nous avons pensé à partir des rapports en distance. Pendant notre séjour de quatre jours au sud de la Tunisie aucun jour n’est passé sans apprendre de la part des réfugiés sur des attaques physiques qui ont eu lieu juste avant ou pendant notre séjour. Il y a des adultes et des enfants attaqués ; dans quelques cas aussi, ce qui est encore plus menaçant, par de grands groupes (voir l’exemple de Medenine ci-joint). Beaucoup de réfugiés sont encore extrêmement inquiétés par l’attaque sur Choucha en mai 2011, qui a tué plusieurs réfugiés (le nombre exact est contesté), pas protégés par les militaires, qui a agi sur le côté des autochtones et blessé des réfugiés avec des tirs (voir les enregistrement dans la vidéo sur http://www.afrique-europe-interact.net/index.php?article_id=462&clang=0). Les réfugiés partagent aussi l’avis que la police prend presque toujours parti du côté tunisien et ne peut et ne veut pas les protéger. Tous les réfugiés se sont plaints avec véhémence de leur impression de ne recevoir presque aucune protection lors des attaques physiques et des non-paiements, mais d’être au contraire insultés et de n’avoir aucune crédulité. En plus les réfugiés nous ont raconté de beaucoup de situations qu’ils expliquent par la jalousie, par exemple la concurrence au marché de travail, l’interdiction de parler avec des femmes et filles tunisiennes et en ce qui concerne leur paiement et pourquoi ils sont là.

Des réfugiés chrétiens nous parlent aussi de la discrimination religieuse parce que les groupes salafistes sont assez forts au sud de la Tunisie. En même temps un réfugié somalien nous a raconté d’une rafle de la police contre lui et sa famille soupçonnés d’être membres d’un groupe islamiste ce qui n’a pas été éprouvé. Mais il est resté emprisonné pendant des heures, son appartement a été fouillé, des objets ont été enlevés ou cassés sans compensation.

Pour cette raison, beaucoup de femmes et personnes âgées préfèrent de rentrer et de rester à Choucha – aussi après avoir essayé de vivre dans les logements organisés par le HCR dans les trois villes. Même si leur vie quotidienne y est plus précaire et les conditions de vie y sont plus dures, ils s’y sentent plus sûrs et ne doivent pas payer de loyer.

Dans beaucoup de rapports des réfugiés, mais aussi des organisations humanitaires sur place il a été mentionné que les réfugiés devaient se comporter de manière « diplomatique ». Lors des conflits on leur conseille souvent « de garder leur sang froid » pour ne pas fâcher la société majoritaire. Citation : „we are always told to step down.“

Plusieurs réfugiés nous ont dit: „Nous vivons dans une grande prison“. Ils peuvent se défendre très peu pour manque de droit, de connaissance de langue et de soutien et ils se retrouvent sans arrêt insultés et humiliés par des discriminations verbales

Perspectives:

En été 2014, les efforts pour les réfugiés de Choucha vont être diminués encore. Le programme pour l’intégration locale aurait dû être terminé déjà fin 2013, six mois après la fermeture du camp. Les négociations du budget pour le travail du HCR tunisien ne sont pas encore terminées, mais il est clair que le budget sera réduit. Comme il n’y a pas de succès désirés visibles et beaucoup de réfugiés restent dépendants de l’engagement du HCR, beaucoup de services ne seront plus proposés. Le bureau à Zarzis aurait dû être fermé fin 2013, et a été réduit de 12 employés à cinq et va rester ouvert jusqu’en été 2014. Les prestations aux réfugiés doivent être « harmonisés » de sorte que tous les réfugiés ont les mêmes conditions – ce qui se réfère aux nouveaux arrivants en bateau, de nombreux réfugiés de la Syrie et des Ivoiriens qui arrivent actuellement en nombre plus grand à Tunis. Pour les réfugiés de Choucha, ça signifie une aggravation de leur situation. A partir de l’été 2014 les plus vulnérables (des femmes avec des enfants, des personnes âgées, des malades) recevront juste un soutien de vie. Rosa Zorzo du HCR Zarzis estime qu’il s’agira de 120 personnes environ. Les autres devront gagner leur vie par le travail. Les services médicaux s‘aggraveront aussi: A partir de l’été les réfugiés devront avancer les coûts de leur traitement comme les Tunisiens et seront ensuite remboursés par le HCR.

Nous avons l’impression qu’Islamic Relief et le Croissant rouge sont à la recherche des financements pour pouvoir continuer les mesures payées avant par le HCR. La continuation des mesures accompagnantes pour des réfugiés comme des activités avec la population locale, des loisirs pour les enfants etc. n‘est alors pas assurée.

Les réfugiés refoulés sont déjà menacés par des arrestations et expulsions. Un groupe d’eux qui a fait un sit-in d’une semaine devant la délégation de l’Union Européenne à Tunis début février 2014 a été arrêté par la police et mis en prison d‘expulsion.

Sur le territoire du camp de Choucha une „free trade zone“ (une coopération libyenne-tunisienne) va être installée et quand ce sera concrétisé au plus tard le camp sera évacué.

Pour une grande majorité des réfugiés il n’est pas possible de retourner dans leurs pays d’origine sans menace de vie, déjà à cause de leur enregistrement comme demandeurs d’asile (alors critiques á l’égard du gouvernement) qui est transféré aux ambassades de « leurs » pays (que certains entre eux n’ont jamais vus ou seulement comme petit enfant), de sorte qu’ils sont menacés d’une arrestation juste après leur arrivée.

Il est à craindre (et annoncé directement par beaucoup de réfugiés) qu’ils aillent essayer en été au plus tard ou avant une évacuation du camp d’aller en Libye (ce qui est un grand risque face aux conflits dégénérant encore une fois et à la menace d’être arrêté) et d’aller en Europe en bateau. Ils sont prêts à risquer leur vie, parce qu’ils ne voient pas de perspectives de vie pour eux à cause des conditions en Tunisie décrites.