Texte de la Caravane Bamako-Dakar lu le 28 février 2011 a Nioro
L’Europe a beaucoup de secrets et un des secrets est Nioro / Gogui. Parce qu’ici en pleine Afrique, nous sommes à la frontière Européenne. Et il y a une deuxième colonisation. « L’Europe ferme nos frontières » était l’écho Africain après un des accords avec un des pays Européens, un des membres de l’Union Européenne.
Nous voyons ici à Nioro les victimes de la politique Européenne ; les refoulés sont présents, rejetés par les autorités Mauritaniennes.
C’est Frontex – l’agence de contrôle de frontières Européenne – qui arrête les migrants en mer Africaine. Voilà comme ils sont délivrés à la prison pour migrants à Nouadhibou que les refoulés appellent « Guantanomito ».
C’est l’Espagne qui finance ce centre d’humiliation et de violences sans aucune protection juridique.
C’est l’Europe qui paye les pays de transit – pays de tampon – pour qu’ils acceptent les charters d’expulsion des Sans-papiers qui aboutissent au centre de Nouadhibou. Nous parlons entre-autre des charters Espagnoles envers la Mauritanie.
C’est l’Europe qui paye les pays de transit pour qu’ils fassent des arrestations arbitraires des migrants dont on ‘soupçonne’ qu’ils veulent aller en Europe. Voici comme un nouveau régime anti-immigration est introduit en Afrique par les euros. Nous parlons de familles qui ont vécu et travaillé depuis des années en Mauritanie et qui aboutissent en une fois à Guantanomito.
Ensuite il y a la route de refoulement de 3 à 4 jours et nuits avec 22 personnes dans un minibus, qui reçoivent pour tout le trajet : une bouteille d’eau, du pain et aux mieux des biscuits et quelques sardines. Les conditions de ces expulsions collectives sont proches de la torture, selon Amnesty International.
Voici comment les refoulés arrivent à la frontière Malienne, à Gogui, parfois menottés. Voici comment les refoulements sont faits possible grâce a aux paiements Européens. Les autorités Mauritaniennes eux-mêmes disent que les refoulements ont lieu « sous le désir explicite de l’Espagne ».
Il y a aussi l’Etat Malien qui accepte les dons de l’Espagne pour renforcer les frontières. Les postes de frontière à Gogui et Nioro doivent protéger la frontière Européenne.
C’est avec cette chasse aux migrants – effectuée par Frontex et par les pays de transit, gendarme de l’Europe – que l’Europe exporte / externalise ses responsabilités. Tout le monde sait que les demandeurs d’asile sont victimes de cette politique Européenne. Voici comme l’Europe evite que les droits de l’homme soient respectés et appliqués pour les migrants.
Nous sommes solidaires avec les refoulés. De retour de Dakar les membres du réseau Afrique-Europe Interact dénonceront et agiront avec plus d’élan en Afrique et en Europe contre les pratiques de l’Union Européenne, ses membres et ses agences comme Frontex.
Pour la liberté de circulation et le développement équitable.
Nioro / Mali, 28 février 2011
Afrique-Europe Interact