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Parlement allemand: Prise de position pour l'audition « Réfugiés*ées, migration et politique de développement »

Alassane Dicko (Bamako), le responable des relations publiques de l'Association Malienne des Expulsés (AME) et membre de la section malienne d' Afrique-Europe-Interact, a été invité le 4 mai 2014 par une commission du parlement allemand pour raconter concernant “migration et développement”. Pour cela Alassane Dicko a preparé la prise de position suivante:

1. Avant-propos :

Je souhaite remercier la « Commission pour la coopération économique et le développement » du parlement allemand de m'avoir cordialement invité à m’exprimer dans le cadre de cette audition publique.

Afin de mieux comprendre le point de vue et les idées que je défends, permettez-moi, dans un premier temps, de me présenter en quelques mots: bien que mon père soit originaire du nord du Mali, j’ai principalement grandi en Côte d'Ivoire. J'y ai fait mes études puis travaillé en tant qu’informaticien jusqu'en 2005, avant d’être dénoncer comme “faux ivoirien” et de perdre mon emploi lorsque la guerre civile a éclaté. J’ai ensuite voulu reprendre mes études en Belgique mais j’ai été immédiatement expulsé dans le cadre des procédures aux aéroports concernant le droit d'asile. Depuis j’ai occupé diverses fonctions, parfois de façon bénévole, au sein de l’Association Malienne des Expulsés (AME) qui reçoit un soutient financier important de l’ONG Medico International, basé à Francfort . De plus, je participe depuis 2010 au développement du réseau Afrique-Europe-Interact (http://www.afrique-europe-interact.net).

Dans le cadre de cette audition, je vais comme vous me l’avez demandé, relaté la situation des réfugiés*ées et migrants*tes au cours de leur trajet et après leur arrivée en Europe, en me référant systématiquement au contexte propre au Mali et à l'Afrique de l'ouest. La question de la typologie de l’immigration et de son évolution au cours des deux dernières décennies sera ici primordiale. En effet, suite à la mise en place des politiques migratoires restrictives par l’Union Européenne (UE), le flux migratoire en provenance du Mali à destination de l'Europe a radicalement changé, passant d’une émigration de travail, légale depuis le début des années 70 à une immigration massivement irrégulière à partir des années 90. Fort de ce constat, je défendrai pour finir la thèse selon laquelle un travail véritablement efficace de co-développement mêlant migration et développement ne peut être mis en place qu’à la condition d’instaurer une liberté de circulation étendu (faible régulation) entre l’Afrique et l’Europe.

2. Préambule: La signification culturelle de la migration au Mali

Loin d’être un phénomène nouveau au Mali, les migrations sont comme dans beaucoup d'autres régions d'Afrique de l'ouest, profondément ancrées dans la culture malienne depuis plusieurs siècles. Le Togo, le Ghana et le Bénin puis plus tard le Sénégal et la Côte d'Ivoire étaient les principales destinations des migrants*tes maliens et maliennes au 20e siècle. L'Europe et en particulier la France et l'Espagne ne sont devenues des destinations qu'au début des années 70, suite aux deux grandes sécheresses (1968 à 1973 et 1983 à 1985) ainsi qu'aux difficultés économiques apparues en raison des nombreux plans d'ajustements structuraux imposés par le FMI et la Banque Mondiale (à partir de Décembre 1982). Auparavant seuls quelques membres de l'armée et étudiants se rendaient en France. Aujourd'hui, près de 4 millions de maliens et maliennes vivent hors du Mali, 3,5 millions en Afrique et 200 000 en Europe (environs 100 000 en France)

Il est important de signaler que les migrations au Mali sont généralement abordées comme un processus circulaire et sont codifiées culturellement parlant. Ce qui signifie que les migrations ne se font pas à sens unique comme le suggère le modèle classique “push-pull” (facteurs d’attraction et de répulsion). Comme le dit un proverbe malien, il s'agit plutôt de préparer son retour dès le 1er jour de migration. Ainsi, depuis les années 70, beaucoup de migrants*tes maliens et maliennes (certains*aines venant d'Europe) sont rentrés*ées volontairement au Mali, souvent à l'occasion du départ d'un autre membre de la famille.

On notera enfin que le Mali est aussi un pays d'immigration et de transit pour de nombreux migrants*tes venant de toute l'Afrique subsaharienne et qu'il doit ce statut non-seulement à sa position géographique mais aussi à sa culture migratoire, son dialogue avec les différentes civilisations africaines et son hospitalité légendaire. Cette position de pays d'accueil a été renforcée au cours de la dernière décennie par l'afflux de milliers de migrants*tes originaires de différents pays d'Afrique (notamment Mauritanie, Maroc, et Algérie), expulsés*ées en direction du Mali, sans que l’État malien ne dispose des moyens nécessaires pour leur offrir une aide appropriée et encore moins pour leur permettre lorsqu'ils le souhaitent de regagner leur pays d'origine, parfois très éloigné.

3. Contexte des migrations en provenance du Mali et d'Afrique de l'Ouest

Les facteurs d'émigration furent nombreux au cours des derniers siècles: notamment le commerce, les activités religieuses (comme les pélerinages), certains événements d'ordre politique ou militaire – en particulier dans le cadre des grands empires qui depuis le Moyen-Age se sont étendus jusqu'aux frontières actuelles du Mali. Par ailleurs, la pauvreté a joué un rôle prépondérant depuis la fin du 19e siècle. Aujourd'hui, 64% de la population malienne est considérée comme pauvre (car située en dessous du seuil de pauvreté, lui-même déjà particulièrement bas), et même 20% comme extrêmement pauvre.

Il est ici important d'évoquer les causes de cette importante pauvreté. Beaucoup de facteurs ayant empêcher le développement du Mali tout au long de son histoire (surtout suite à la colonisation) sont en effet toujours d'actualité. Parmi ceux-ci, on mentionnera ici deux exemples, sur lesquels l'AME en collaboration avec le réseau Afrique-Europe-Interact tentent d'agir. Tout d'abord l'accaparement des terres (landgrabbing) massif dont le Mali, au même titre que d'autres pays d'Afrique, est victime depuis une dizaine d'année. Il s'agit de la vente de terres agricoles fertiles à des gros investisseurs nationaux et internationaux. Ces ventes sont régulièrement entachées d'actes de corruption et ont souvent lieu au mépris des droits des paysans locaux qui les exploitent et y habitent. Les villages de Sanamadougou et de Sao de l'Office du Niger constituent deux exemples frappants de ces pratiques et ont à ce titre déjà fait l'objet d'un rapport du renommé Institut d'Oakland aux États-Unis (http://www.oaklandinstitute.org/land-deals-africa-mali) et d'une lettre ouverte à Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali, par l'association FIAN de défenses des droits de l'Homme (http://www.fian.org/library/publication/detail/fian_expresses_concern_on_food_security_for_communities_in_mali/). La totalité de leurs habitants se trouvent menacée d'expulsion, sans le moindre dédommagement, par un projet de plus de 30 000 hectares porté par Modibo Keita, un puissant investisseur dont le réseaux s'étend jusque dans les plus hautes sphères de l’état malien. La procédure d'autorisation du projet fut particulièrement scandaleuse et l'existence des deux villages pourtant connue de tous a purement et simplement été ignorée par les autorités. De plus les engins utilisé par Modibo Keita proviendraient, selon un secret de polichinelle à Bamako, des moyens fournis par l'Allemagne dans le cadre d'un programme d'aide au développement défendu par la femme de l'ancien président Amadou Toumani Touré (ATT), renversé par un coup d'état en mars 2012.

Autre exemple, la commune de Falea, située à l’extrême sud-ouest du Mali, où doit débuter à partir de 2016, un chantier d'extraction à ciel ouvert de minerai d'uranium. Les forages-tests sont déjà effectués depuis 2009 par l'entreprise canadienne „Rockgate capital“ et sont déjà presque terminés (sans que les populations locales aient fait l'objet de la moindre consultation). Si cette mine d'uranium venait réellement à voir le jour, ce serait pas moins de 21 villages et une population de 17 000 habitants de ces hauts plateaux fertiles à cheval sur le Mali, le Sénégal et la Guinée qui seraient menacés d'expulsion progressive, alors même que ce projet, situé dans une région où plusieurs importants fleuves prennent leur source, constitue une menace pour l'approvisionnement en eau du Mali et du Sénégal (http://www.afrique-europe-interact.net/index.php?article_id=1169&clang=0). Qu'ils habitent Sao, Sanamadougou, Falea ou dans l'un des nombreux autres villages concernés par ce genre de projet, ces habitants sont désignés par la société civile d’Afrique de l'ouest comme „candidat“ à l'émigration (irrégulière). Il m'était donc particulièrement important d'insister sur ces deux exemples très représentatifs des facteurs à l'origine des migrations au Mali.

4. Evolution des migrations vers l'Europe depuis les années 70

Comme évoqué en introduction, l'immigration en provenance du Mali et d'Afrique de l'Ouest étaient autrefois possible sans visa. Il suffisait simplement de s'enregistrer au port de Marseille après son arrivée. Cependant à partir du début des années 80, la France a remis en cause la politique incitative d'avant la décolonisation, qui lui permettait de faire venir de la main d’œuvre bon marché. Celle-ci a été petit à petit remplacée, comme partout dans le reste de l'Europe, par une politique d'immigration de plus en plus restrictive qui, depuis les années 90, a fait l'objet d'une harmonisation progressive dans le cadre de l'UE. Par conséquent, les migrations vers l'Europe, légales jusqu'à cette date, se sont transformées en une migration croissante irrégulière (mot-clé: forteresse européenne), un processus dont les points fondamentaux peuvent être largement divulgués, et dont seuls certains aspects spécifiques sont abordés ci-dessous:

  • En plus de toutes les mesures prises au sein de l'Europe (venant des accords de Schengen et du contrat d'Amsterdam), un jalon particulièrement problématique dans la politique de migration européenne d'un point de vue africain a été l'intégration des pays d'Afrique du nord, pas seulement parce que l'UE a couplé l'exécution de mesures de politique de développement avec la volonté de stopper la migration. Plus concrètement : comme les pays concernés n'étaient pas du tout préparés à leur tâche d'état-tampon, ces mesures continuent aujourd'hui avec beaucoup d'infractions aux droits de l'Homme, entre autre sous la forme de violences massives de la police (y compris des tirs sur les réfugiés*ées et migrants*tes de l'enclave espagnole Ceuta et Melilla), et encore plus injustifié, des emprisonnements de plusieurs années (en 2006/2007, en Lybie, jusqu'à 60000 personnes ont été incarcérées dans des conditions catastrophiques) et sous la forme d'expulsions régulières dans le désert, dans un nomansland entre l'Algérie et le Maroc, ou vers le sud de l'Algérie (les infractions aux droits de l'Homme ont été documentées précisément à travers de nombreux examens, des articles et livres. On fait référence à un livre actuel du réfugié et activiste des droits de l'Homme Emmanuel Mbolela, dans lequel de tels incidents sont décrits et analysés d'une façon particulièrement impressionnante : Mein Weg von Kongo nach Europa : Zwichen Widerstand, Flucht und Exil, Mandelbaum 2014).
  • De plus, l'intégration des pays d'origine dans les mesures de politique migratoire s'est rélévée tout aussi problématique, mesures prises ici encore à l'encontre d'un travail coopératif de développement. A noter en particuliers que parmi ces mesures se trouvent les accords de réadmission, qui ont mené à une augmentation massive du nombre d'expulsions: par exemple, de 2002 à 2006, on décompte 628 expulsions d'Espagne vers le Mali, un nombre qui est passé à 1410 expulsions en une seule année à la suite d'un accord entre l'Espagne et le Mali en 2008.
  • Enfin, plusieurs essais ont été tentés afin d'inciter les gouvernements et les acteurs de la société civile des pays d'origine à une coopération dans le domaine de la migration. Par exemple, l'UE a mis difficilement en place au Mali un centre appelé CIGEM (Centre d'Information et de GEstion des Migrations), dont le but n'aurait pas seulement du être de divulguéer des informations sur les risques de la migration irrégulière (y compris l'encouragement d'alternatives), mais aurait du également soutenir les potentiels*elles migrants*tes lors de dépôts de demande de visa pour une entrée légale dans l'UE. Le seul problème: ceci n'a jamais fonctionné, ce qui ne devrait pas surprendre que le CIGEM est inefficace depuis longtemps.

Dans l'ensemble, on peut retenir que la politique de migration de l'UE envers l'Afrique est en première ligne orientée vers les besions du marché du travail européen et ne s'intéresse quasiment pas aux maximes des droits de l'Homme: alors que des masses de réfugiés*ées et de migrants*tes doivent être retenus*ues à l'extérieur des frontières, il y a un besoin urgent de travailleurs*euses, que ce soit des personnes du Maroc pour les récoltes ou des spécialistes qualifiés*ées comme des médecins ou des infirmières*iers venant de différents pays africains près du Sahara. Ceci a des conséquences catastrophiques, principalement à cause de la fuite de personnes qualifiées (mot-clé: “brain drain”). On peut préciser que d'après des estimations de l'IOM, chauqe année 80.000 personnes avec une qualification professionnelle ou universitaires quittent l'Afrique, ce qui correspond dans certains pays à 35% des diplômés*ées universitaires.

5. Conséquences sur les réfugiés*ées et migrants*tes

Les conséquences de ce changement de forme de migration de l'Afrique de l'ouest vers l'Europe étaient entre autre grave, pas seulement pour les migrants*tes et les réfugiés*ées eux-même, mais également pour les pays-cibles, les pays d'orgine, les pays de transit et pour les relations entre les états impliqués. Concernant les migrants*tes et les réfugiés*ées, ils ont été touchés*ées par une augmentation de leur situation irrégulière et ainsi une augmentation des dangers et de mesures restrictives. Voici quelques points importants:

  • Tout d'abord, à cause des obstacles mis par les politiques de migration, les trajets parcourus sont toujours plus longs, plus compliqués et deviennent plus dangereux. Dans ce contexte, l'agence de protection des frontières Frontex fondé en 2004 a joué un rôle particulièrement peu glorieux. Au lieu de sauver des vies humaines, l'agence a des milliers de fois retenu des barques de réfugiés*ées, les a obligé à faire demi-tour, souvent sous la contrainte immédiate. De cette manière, depuis les années 90, au moins 25.000 personnes ont perdu la vie aux frontières extérieures de l'UE et dans le désert.
  • Deuxièmement, les mesures de politique de migration, comme déjà mentionné, sont accompagnées de violences étatiques massives dans les pays de transit, notamment en Libye où Mammar Gadakki a utilisé la politique de migration pour se rapprocher de l'UE.
  • Troisièmement, les rapports travail-vie sont devenus trop précaires en Europe, cependant dans le domaine du travail, il est a constater que des status de séjour irréguliers font souvent l'objet d'abus de la part de l'employeur, pour payer des salaires plus mauvais,… et en fait abroger complètement le droit du travail (en particuliers en agriculture, dans les secteurs de la construction, des transport et du nettoyage, dans les travaux ménagers, dans l'hotellerie et les restaurants.
  • Quatrièmement, il y a une augmentation des expulsions et des rétentions à des fins d'expulsion, pas seulement d'Europe mais aussi des pays de transit. Les expulsions en particuliers représentent elles-même une expérience profondément cruciale et traumatisante, souvent complètement sous-estimée en Europe : tout d'abord car les personnes concernées sont arrachées à leur quotidien (souvent au mépris des liens familiers existants, en ignorant les possessions et biens, et avec détention de toutes les droits pour les cotisations de sécurité social effectuées), ensuite parce qu'ils*elles sont abandonnés*ées à cause de la forte stigmatisation par leur famille assignée économiquement, comme étant celui*celle qui n'a pas réussi à tenir la promesse familiale.

La politique de migration de l'UE laisse des traces profondes non seulement chez les migrants*tes, les réfugiés*ées et leurs familles, mais également dans les pays d'origine et de transit. Il est tout d'abord à mentionner que les gouvernements des pays d'origine se sont retrouvent souvent dans une position difficile, coincé entre d'un côté la pression de l'UE, par exemple en signant les accord de réadmission, et d'un autre côté l'attente de la population à justement ne pas le faire. C'est ainsi que la participation des pays de transit à la politique de migration restrictive de l'UE a fait grandir de fortes tensions, en partie de très anciennes relations, entre les pays du Maghreb et de l'Afrique du Saharad du sud. Finalement, la liberté de mouvements traditionnelle en Afrique de l'ouest a été progressivement limité sous l'impulsion explicite de l'UE (alors que l'UE propage au sein de son propre territoire une liberté totale de voyager pour les citoyens*ennes de l'UE).

6. Migration et développement

La promesse familiale mentionnée ci-dessus est le point-clé de toutes les réflexions en rapport avec la migration et le développement. Car depuis des décennies au Mali, ce rapport est de fait devenu réalité, les migrants*tes soutiennent financièrement leurs familles. En effet, les transferts d'argent réguliers venant de la personne migrante représente une forme d'assurance-vie qui permet aux membres de la famille d'arrêter leurs tâches basiques et qui permet de plus de réagir à des événement imprévus. En d'autres mots : le fait que des membres de la famille soit partis en migration permet une diversification des sources de revenus pour la famille. Cependant, des enquêtes estiment que les transferts d'argent sont en moyenne de 100 à 300 euros par mois (si les migrants*tes vivent en Europe de l'ouest). Le soutien de la famille n'est qu'un côté de la médaille. De l'autre côté, ils permettent des développements d'infrastructures au sein du village d'origine, où ces développements sont parfaitement documentés dans la région de Kayes dans l'ouest du Mali (à peu près dans la zone de Yélimanie), avec la construction de puits, d'écoles, de routes, de centres de santé ou de mosquées. Finalement, cette aide au développement venant d'en-bas ne fonctionne que si les migrants*tes ne sont pas démunis*es de leurs possibilités de revenu à cause d'irrégularisation dans leur pays de transit ou pays d'arrivée.

De même, ceci est valable, même sous d'autres présages, pour le paiement de personnes rentrant au pays volontairement (comme il est pratiqué par différents pays européens). Jusqu'à présent, ces paiements ne sont pas seulement minimes, ils sont aussi couplés à l'abandon de son titre de séjour. Ces deux points conduisent à l'inefficacité des programmes. En ce qui concerne les moyens mis à disposition, il est facile de constater que diverses enquêtes ont montré qu'il n'est souvent pas possible de construire sa propre existence avec la somme recue, même si cette somme serait dans l'ensemble plus supportable que les transferts d'argent réguliers des membres de la famille vivant à l'étranger, et également parce qu'il est difficile, pour les personnes rentrant au pays après des années vécu en dehors du Mali, de reconstruire du début une existence dans un endroit devenu étranger. Concernant cette plus grande aide, il y a un plus grand besoin, pas que financièrement, mais également dans le domaine de la formation et dans la création d'une struture pour conseiller les personnes créant leur existence.

Cependant, autrement difficile est le fait que beaucoup de migrants*tes ne veulent pas risquer un retour sans avoir la possibilité, si leur tentative de retour échoue, de pouvoir retourner à nouveau en Europe. C'est pourquoi, ce point évoqué ci-dessus, et considérant le modèle ancré de migration circulaire largement réparti au Mali et en Afrique de l'ouest, ces faits jouent en faveur de l'introduction d'une véritable liberté de décision et une liberté de voyager. Plus de migrants*tes prendraient le risque eux-même (surtout si les aides financières seraient consolidées), pour continuer à intensifier le lien existant entre migration et développement.

7. Suggestions

Concernant le lien entre migration et développement, trois suggestions sont décrites ci-dessous : premièrement, remplacer la politique restrictive d'isolement par une politique d'immigration légale. En effet, seul les migrants*tes qui gagnent de l'argent ou qui peuvent effectuer une formation ont la possibilité de devenir de vrais agents de développement. Deuxièmement, les états européens devraient s'abstenir de nombreuses mesures qui permettent d'anéantir des situations de personnes et qui entrainent ainsi des candidats supplémentaires vers la migration. Dans le cas du Mali, ceci concerne particulièrement les secteurs de l'agriculture et de l'exploitation de mines. Cela signifie concrêtement que de nombreuses possibilités doivent être utilisées dans le cadre d'une collaboration (de développement) bilatérale, empêcher des projets scandaleux comme les cas de personnes suppléantes mentionnés ci-dessus (Sao, Sanamadougou und Falea) ou au moins d'agir pour que les gros projets soient effectués de manière à ce qu'ils ne soint pas accompagnés d'expulsions ou d'autres conséquences similaires. Troisièmement, de nombreuses mesures contribuant à une fuite des personnes qualifiées hors d'Afrique, particulièrement dans le domaine de la santé (mot-clé : brain drain) devraient être stoppées. En effet, ce brain drain entraîne non seulement des coûts faramineux pour l'économie nationale, mais à cause d'une couverture médicale déficiente, il est également une des raisons qui mènent en premier lieu à la migration.

Annexe :

En anexe se trouvent quelques informations supplémentaires sur le travail de l' »Association Malienne des Expulsés » (AME), dont je participe à l'audition en leur nom :

L'AME est une organisation fondée en 1996 par des personnes expulsées de France et d'Angola, qui s'occupe en priorité de personnes expulsées d'Europe et du Maghreb, mais aussi d'autres états africains et arabes, qui arrivent à l'aéroport de Bamako ou à la frontière Algérie-Mali ou Mauritanié-Mali et qui ont besoin d'une aide médicale ou psychologique, d'un logement d'urgence, d'une assistance juridique ou d'un accompagnement lors du retour dans leur village d'origine. A Bamako, l'AME travaillent ensemble avec des juristes, des médecins et des journalistes. En plus de leur aide d'urgence à l'aéroport et dans les villes frontalières de Nioro et Gao, l'AME s'est spécialisée dans le travail avec les relations publiques et dans le travail coopératif avec des réseaux internationaux de politique migratoire et de critique de la globalisation, particulièrement avec Afrique-Europe-Interact. L'AME organise à Bamako des séminaires sur la situation de migrants*tes et participe, à travers des publications régulières et des rassemblements, aux débats au sein du réseau transnational de d'aide auto-gérée de migrants*tes et d'initiatives de droits de l'Homme. Depuis 2010, l'AME est également plus active dans les causes structurelles de la migration, et depuis plusieurs années une étroite collaboration s'est de ce fait développée avec des groupes de paysans, entre autre avec l'Office du Niger (à 270 km au nord-est de Bamako).

Site Internet: http://www.expulsesmaliens.info/

Vidéo: http://www.medico.de/themen/menschenrechte/migration/dokumente/migrantische-selbsthilfe-in-mali/3021/