Le 05 novembre 2021, une double manifestation de la diaspora togolaise a eu lieu devant le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) à Bonn ainsi que sur la place du marché de Bonn. Sous le slogan “Non au soutien du gouvernement fédéral à la dictature au Togo ! Non à la répression étatique et aux prisonniers politiques au Togo”, une cinquantaine de personnes, en majorité des migrants et des réfugiés togolais, se sont rassemblées pour manifester en faveur d'un changement démocratique au Togo, de l'arrêt de toutes les expulsions vers le Togo et d'une politique de développement respectueuse des droits humains fondamentaux. L'action a été organisée par Afrique-Europe-Interact ainsi que par l'organisation Diaspora Togolaise en Allemagne (DTA).

Dès 7 h 30, un groupe d'une dizaine de militants s'est rendu devant le ministère pour distribuer des tracts aux employés du ministère et les informer ainsi de nos revendications (le texte du tract peut être consulté ici). Vers 10 heures, un groupe plus large de militants togolais de Stuttgart ainsi que d'autres représentants de la diaspora de Düsseldorf et de Hambourg nous ont rejoints pour que la manifestation elle-même puisse commencer. Dans les discours, il a été fait référence – en plus de la dénonciation de la dictature familiale togolaise et de la situation désastreuse des droits de l'homme au Togo – à notre correspondance avec le gouvernement fédéral allemand. En effet, la complicité du gouvernement fédéral avec le régime togolais, que nous critiquons, s'est récemment manifestée lors d'une visite du ministre togolais des Affaires étrangères en Allemagne et de la conclusion d'un soi-disant partenariat de réforme entre les deux pays. Enfin, un bref entretien a eu lieu avec un représentant du ministère, au cours duquel nous avons pu remettre, entre autres, deux déclarations du Togo (du groupe d'opposition togolais “Front Citoyen Togo Débout” du “Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques”).

Vers 12 heures, la manifestation s'est poursuivie sur la place du marché de Bonn, très animée, avec de nombreuses interventions, des chants et des prises de parole. Il est à noter que des représentants de la diaspora togolaise en Belgique sont arrivés entre-temps et ont établi dans leurs discours des liens entre la dictature familiale au Togo et d'autres régimes dictatoriaux comme celui du Cameroun. En outre, un représentant d'Afrique-Europe-Interact a tenu un discours autour du thème du “libre-échange”, afin de jeter également un regard exemplaire sur les inégalités de pouvoir économique entre les pays africains et européens (l'article peut être consulté ici).

La double manifestation à Bonn nous a certainement permis d'exercer une certaine pression sur le ministère. Lors de l'entretien avec un fonctionnaire du ministère, on nous a proposé une conversation plus approfondie au sein du ministère – y compris la constatation que le ministère souhaitait à l'avenir prendre encore plus en compte les questions des droits de l'homme (ce qui était aussi une critique de l'orientation du gouvernement fédéral actuel). Cependant, la pression exercée sur le régime togolais a peut-être été plus importante. En effet, non seulement le journal togolais ici.lome a rendu compte de la double manifestation, mais nous avons également été contactés par plusieurs journalistes togolais. Cela montre que notre action a été perçue par un public critique au Togo – et qu'elle ne devrait pas être passée inaperçue du côté du régime togolais. Car les réactions du Togo lui-même montre que, malgré une répression politique croissante et une désillusion et une peur assez répandues dans l'opposition togolaise et dans la diaspora, les protestations sont toujours possibles et trouvent un écho au Togo.