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Sur les remparts de l’Europe forteresse Un « Guantánamo » en Mauritanie

Par Zoé Lamazou

Dans un trait récurrent d’humour noir, les habitants de Nouadhibou, ville portuaire située à quatre cent soixante-dix kilomètres de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, ont nommé leurs quartiers de parpaings nus d’après le nom de grandes capitales étrangères : Accra, Bagdad, Dubaï. Lorsque, en 2006, les autorités espagnoles, en accord avec le gouvernement mauritanien, installent à Nouadhibou un centre de rétention pour immigrés illégaux, son surnom est vite trouvé : « Guantánamo ».

Frontière Sahara: les camps de détention dans le désert libyen

By Fortress Europe (01/2009)

SEBHA – «Avec nous, dans le camion, il y avait une enfant âgé de quatre ans, avec sa mère. Nous étions entassés comme des animaux à l'intérieur du conteneur, sans air ni espace. Je me demandais comment un enfant pouvait être mis dans ces conditions. À l'intérieur du conteneur il faisait très chaud. Le voyage dura 21 heures. De 16 h à 13 h le lendemain. On n’avait rien à manger. Les gens étaient obligés d’uriner l’un devant les autres. Lorsque les chauffeurs s’arrêtaient pour manger ou pour prier, nous mettions l'enfant au près de la petite fenêtre du conteneur. Il s’appelait Adam. Enfin nous arrivâmes à Kufrah. Quand je sortis je volai du pain qui était accroché à l'extérieur du conteneur. Nous n'avions rien mangé depuis la veille. Nous étions 110 personnes. Y compris Adam âgé de quatre ans et sa maman »1.

POUR LA FERMETURE DES CAMPS D’ETRANGERS, EN EUROPE ET AU-DELA

De Migreurop

Dans les États membres de l’Union européenne et dans les pays situés à ses frontières (Libye, Maroc, Turquie, Ukraine) voire au-delà (Mauritanie, Liban), les lieux d’enfermement pour étrangers, dont le nombre n’a cessé de croître à partir de la fin du 20ème siècle, dissimulent des objectifs contraires aux engagements internationaux auxquels certains de ces mêmes États ont adhéré (Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés, Convention internationale sur les droits de l’enfant, etc.). À Chypre, en Grèce, en Italie ou à Malte, des étrangers sont automatiquement placés en détention quelle que soit leur situation humanitaire et/ou juridique, y compris ceux qui sont sauvés ou interceptés en mer après de longs périples.