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3 Mai 2013 | Communiqué de presse de Afrique-Europe-Interact (la sectione européenne)

3 Mai 2013 : Réunion d’activistes de base de Bamako le 25 Janvier dans le but d’un dialogue pour la paix à long terme avec tous les groupes de la société malienne. La réunion aura lieu le samedi 4 Mai de 8h30 à 17h30 au Carrefour de la Jeunesse à Bamako sur la Place de la liberté.

Déjà début Janvier, la section malienne du mouvement transnational du groupe Afrique-Europe-Interact a appelé à une marche blanche de Mopti à Douentza. Le but affiché à l’époque était de franchir la ligne de démarcation avec plusieurs milliers de personnes. Dans un premier temps, afin de renforcer la résistance civile contre les régimes de terreur islamistes du nord du pays, mais aussi pour entrer en dialogue avec une partie de la population touareg, qui ne se reconnaissent pas dans le mouvement de rébellion laïc, ni dans le mouvement touareg islamiste (comme Ansar Dime ou le MNLA). Grâce à l’intervention militaire française le 12 janvier, les milices islamistes ont été chassées du nord du pays et le projet de marche blanche est devenu historiquement dépassé. Cela ne veux pas dire que le but fondamental de cette marche est devenu obsolète. Dans ce sens, la section malienne invite le samedi 4 Mai à un déjeuner citoyen à Bamako pour une réunion qui durera toute la journée. Le thème sera axé sur les problèmes socio-politiques du Mali, avec une large participation, tourné vers des propositions pour une paix durable.

Un des objectifs importants de ce déjeuner citoyen est d’inclure tout le monde comme c’est souhaité avec insistance par les organisateurs de cette journée parce que sont invités des initiatives venant d’un peu partout à travers le pays. Il y aura des représentants d’une vingtaine de communautés touareg et aussi des populations déplacées du nord. Pour arriver à une participation assez large, l’invitation est sciemment ouverte et avec peu d’exigences. Ce ne sont pas des réponses toutes faites qui sont demandées mais la recherche d’un processus commun. En tenant compte qu’à l’intérieur du Afrique-Europe-Interact, nous sommes arrivés à une lecture commune de la crise malienne (vous pouvez consulter les publications à ce sujet sur le site www.afrique-europe-interact.net ). En conséquence, dans le texte d’invitation pour le déjeuner citoyen, nous soulignons seulement quelques bases importantes pour le débat commun :

Premièrement : Depuis 2003, dans le nord du Mali, se sont installés des forces islamistes, et, avec le retour des rebelles touareg, ils ont pu partir à la conquête du pays . Ceci a un lien avec la corruption massive du président Amadou Toumani Traoré, chassé en 2012, car son gouvernement a laissé agir les islamistes librement, pratiquant contrebandes, enlèvements et rackets envers les migrants. On peux même dire qu’il était profondément impliqué dans le trafic de drogue. La nécessité est donc qu’il faut un gouvernement qui prennent en compte les besoins de la population locale. Cela signifie aussi qu’il faut cesser les détournements de fonds publics. C’est seulement de cette façon, que l’on coupera l’herbe sous les pieds des islamistes, si l’Etat prend toutes ses responsabilités et prend en charge la sécurité des populations locales.

Deuxièmement : Dans toutes les phases du conflit, ont eu lieu des exactions ou des atteintes aux droits de l’homme par les rebelles touareg du MLNA, les forces islamistes mais aussi de quelques unités de l’armée malienne. Ces dernières ayant violés, brutalisés ou même tués des soit-disant collaborateurs (bien souvent des membres de la communauté touareg). Devant ce fait, il faut être prudent face aux amalgames (rebelles = terroristes = arabes = trafiquants = touareg). L’invitation a pour but d’effectuer un rapprochement inter-communautaires entre les touareg, même en tenant compte de la discrimination des touaregs noirs (Bellah), les différents groupes de la population du nord et enfin la population malienne dans son ensemble. Le but de cette forme de discussion est la création d’un nouveau dialogue social entre population et gouvernement mais aussi avec toute la classe politique dixit un des représentants de l’Afrique-Europe-Interact.

Troisièmement : Le gouvernement de transition a, sous la pression de la communauté internationale, instauré une commission de réconciliation de dialogue, laquelle est composée de 33 personnes pour la plupart issues de l’ancien pouvoir. Afin de reconstruire un état laïc et républicain, il est nécessaire qu’il soit conçu pour l’ensemble de sa population, indépendamment de sa couleur de peau, sa religion ou de ses origines ethniques. Si ce n’est pas le cas, une cohésion sociale pour une paix durable sera impossible.

Quatrièmement : La communauté internationale a posé comme condition pour la reprise des versements d’aide au développement du Mali que soit organisé des élections en Juillet 2013 ( il faut savoir que depuis le putsch contre le président ATT, lequel était salué par une grande frange de la population, il n’y a actuellement qu’un gouvernement transitoire ). Tout d’abord, cette date d’élection est sévèrement critiquée par la population malienne car les conditions pour la bonne marche d’élections ne sont pas du tout remplies (par exemple il n’y a pas de gestion de cartes électorales, ce qui ne permet pas à toute la population d’y participer). De plus, une date aussi proche défavorise l’émergence de nouveaux acteurs politiques car ils ont besoin de plus de temps pour établir des candidatures et/ou trouver des candidats pour les élections. Ajoutons à cela que le mois de juillet est en pleine saison des pluies et une grande partie du secteur agricole de la population est occupée au travail dans les champs. Enfin, car l’initiative de cette date ne vient pas de la population malienne. Celle ci favorise une date ultérieure, surtout pour débattre des problèmes de fond de la société malienne et ouvrir ainsi une campagne électorale avec plus de contenu.

Ce déjeuner citoyen n’est que le début d’un processus d’organisation à plus long terme au sein de la société civile malienne. Le but n’étant pas de demander de repousser la tenue des élections auprès du gouvernement transitoire, mais surtout que cela amène vers d’autres discussions pour la suite. Dans ce sens, nous continuons à faire des appels aux dons pour les efforts de paix de la section malienne Afrique-Europe-Interact, car la collecte actuelle de 7000€ va permettre d’organiser la tenue de cette journée, mais d’autres journées sont à prévoir et à organiser/financer.