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24.05.2011 | Des militaires aspergent les réfugiés de gaz lacrymogène – La population locale met le feu aux tentes

Plusieurs morts lors d’un incendie dans un camp de réfugiés dans le désert

Afrique-Europe-Interact/Welcome to Europe: Communiqués de presse (24.05.). Des milliers de réfugiés et migrants subsahariens sont coincés dans le camp de Choucha, près de la frontière libyenne – beaucoup retournent en Lybie.

Choucha est un des quatre camps ouverts à la frontière tuniso-libyenne, entre Ben Guardane et Ras Jdir. Ce camp a été mis en place le 24 Février 2011, par le HCR, la Croix Rouge et le Croissant Rouge, peu après le début des évènements en Libye et accueillait alors en majorité des Egyptiens et Bangladais. Là-bas, dans un territoire désertique, vivent actuellement sous tentes, entre 4000 et 5000 réfugiés subsahariens et autres, de plus de 30 nations différentes, attendant que le HCR leur accorde une protection. Ceux qui possèdent de l’argent et un passeport peuvent normalement continuer leur route vers l’intérieur du pays, mais en réalité cela est quasiment impossible à cause de la police tunisienne et des contrôles militaires.

Selon le HCR, près de 3800 habitants du camp ont été enregistrés comme réfugiés ou demandeurs d’asile et la majorité d’entre eux se trouvent déjà là-bas depuis deux à quatre mois. Ce que le porte-parole du HCR a décrit par « seconde expulsion » concerne surtout les réfugiés venant de pays dans lesquels il leur est impossible de rentrer, comme la Somalie, le Soudan, l’Erythrée, la Côte d’Ivoire ou l’Irak. La fin de cette situation d’urgence, dans le sable, sous des tentes, avec un système d’infrastructures complètement improvisé et une mauvaise distribution d’eau ne semble pas être d’actualité pour ces réfugiés. Au cours des dernières semaines, environ 700 réfugiés ont quitté le camp pour retourner en Lybie. Malgré le danger de mort auquel ils s’exposent, ils décident d’embarquer, à moindre frais actuellement, sur l’un des bateaux plein à craquer qui partent vers l’Italie. S’ils prennent ce risque mortel, c’est aux vues de la situation insupportable et floue qui règne dans le camp de Choucha. Selon Firas Kayal, porte-parole du HCR sur place, il n’y aurait que 900 réponses positives pour un Resettlement au niveau mondial, c’est-à-dire un accueil dans un Etat-Tiers sûr. En face, les besoins sont bien plus importants : 6000 réfugiés subsahariens et autres, enregistrés par le HCR en Tunisie et en Egypte, doivent être évacués d’urgence.

Ce chiffre apparaît ridicule en comparaison avec les dizaines de milliers de personnes qui sont déjà rentrées ou ont été évacuées dans leur pays d’origine, mais aussi avec les 100 000 réfugiés libyens accueillis et soignés solidairement en Tunisie, en partie hébergés par la population elle-même. Pourtant, les Etats Européens se sont jusqu’à présent refusés à exprimer le moindre petit geste de solidarité afin d’accueillir les réfugiés.

Dans la nuit du 21 Mai, les réfugiés du camp de Choucha ont à nouveau fait face à une aggravation dramatique de la situation, lorsque plusieurs tentes ont brusquement pris feu. Vingt-et-une tentes sont parties en fumée et quatre personnes, dont un bébé, ont péri dans l’incendie. Cet incendie a renforcé le sentiment d’insécurité et d’absence de perspective dans le camp et par conséquent la décision de nombreux réfugiés de prendre la dangereuse route vers la Libye. De plus, la panique provoquée par cet événement a fait exploser d’autres conflits internes, liés aux différentes origines et religions.

Cette situation extrêmement tendue dans le camp a mené de nombreuses personnes à ruer sur les brancards. Entre 300 à 400 personnes du camp de Choucha ont spontanément constitué un barrage de la route principale jusqu’à tard le même soir. En même temps ont eu lieu des affrontements entre la population locale tunisienne et libyenne et les habitants du camp, qui ont débouché sur des jets de pierre. Pour les Tunisiens établis dans le coin, la route occupée est d’une importance centrale pour le commerce avec la Libye voisine. La population locale réclamait que le camp soit déplacé en arguant que celui-ci asphyxiait leur économie déjà fragilisée. Les forces militaires tunisiennes qui gèrent la région ont semblé peu sûres d’elles et ont agi sans aucune stratégie perceptible.

Au matin du 24 Mai, la situation a brusquement dégénéré lorsque les militaires ont commencé à tirer, après les premières attaques ayant eu lieu dans le camp. Selon les dires de témoins, il y aurait eu 13 blessés, dont un se trouvant actuellement entre la vie et la mort. Deux personnes ont trouvé la mort à la suite d’une chute de poteaux électriques. Vers 11h, le camp a été attaqué par des personnes venant de Ben Guerdane. Selon les témoignages des réfugiés, récoltés par téléphone, les militaires ont pris le parti des assaillants.

Le soir d’avant, le HCR et d’autres organisations humanitaires avaient quitté le camp d’urgence. Durant les affrontements, il semble que les réfugiés aient été attaqués à coups de gaz lacrymogènes et à balles réelles. Quelques uns des réfugiés témoignent que les militaires se sont retirés tandis que près de 250 habitants du coin, armés de pics en acier, continuent à faire la chasse aux réfugiés du camp. Plusieurs centaines d’entre eux ont fui dans la brousse alentour, pour sauver leur vie. La plupart, dont on estime le nombre entre deux et trois mille personnes, a par conséquent, décidé de retourner en direction de la frontière libyenne, pendant que la population locale brûle les tentes et que les militaires ne semblent pas prêts à intervenir.

Aux vues de cette situation indigne des droits de l’Homme dans les camps de réfugiés situés en Tunisie et en Egypte, près des frontières toujours ouvertes avec la Libye, les réfugiés et également le HCR attendent enfin, l’ouverture des frontières et l’admission de réfugiés de cette région, aussi en Europe.

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