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Manifeste pour la ténue d’une Assemblée Citoyenne (21.07.2013)

Bamako le 12 Juillet 2013

I- Contexte :
Aux lendemains de la libération d’une grande partie des régions du Nord du Mali et à la suite des opérations de sécurisation, les troupes de la MINUSMA se déploient sur le territoire national, conformément aux résolutions de l’ONU. L’intégrité territoriale retrouvée se heurte aux considérations opportunistes des regroupements d’occupation armée et sur des intérêts géo- stratégiques des acteurs Internationaux au sujet de la présence de l’Armée Malienne dans Kidal et sa région septentrionale. La prise en compte des propositions de négociation du MNLA ont certainement trouvé un certain écho par rapport à une « justice des vainqueurs » pour ralentir l’entrée des soldats Maliens dans Kidal.

Un accord a été signé à Ouagadougou le 8 juin dernier pour amorcer le Dialogue Politique et permettre la ténue des activités du scrutin présidentiel en juillet. L’organisation du scrutin et la ténue des activités politiques des divers candidats à cette élection présidentielle dans la région de Kidal symbolise alors une évolution dans le bon sens. La 9ème région du Mali avec 11% de la population votante représente un exercice crucial au même titre que le taux de participation général du corps électoral dans le reste du pays pour marquer l’effectivité de l’article 25 de la constitution du Mali de 1992.

Dans cette partie du pays qui cristallise toutes les attentions sur le plan national et au niveau international, les enjeux socio- politiques et sécuritaire de l’élection présidentielle prochaine apparaissent comme une réflexion sur la mise en œuvre des termes de l’Accord et les moyens dont disposera le futur Président pour avancer sur la résolution de la crise du Nord. Les inquiétudes sur la protection des populations locales et la sécurisation du scrutin donnent du poids à la présence des casques Bleus, mettant le doute dans les esprits sur une interposition qui ressemblera à la délimitation du territoire en deux parties collées comme une saignée.

Selon la feuille de Route du Gouvernement de Transition, le processus électoral a démarré avec la validation de 28 candidatures pour le premier tour de la présidentielle du 28 juillet. Les Autorités de la Transition s’attellent activement au respect de ce calendrier pour offrir à tous les Maliens l’opportunité de jeter les jalons de la reconstruction nationale à travers le choix du nouveau Président ayant la légitimité de conduire le navire Mali au port de la Paix.

Les populations sont attentifs aux évolutions sur le plan politique et investissent les lieux de distribution des cartes NINA avec des difficultés certes mais la fibre patriotique pousse les personnes recensées à braver le soleil et les distances pour acquérir le droit citoyen de voter. L’engouement populaire se trouve dans le renouveau démocratique acquis depuis 1991 et démontre l’aspiration profondément des populations à se réapproprier ce processus électoral.

Les candidats retenus par la Cour Constitutionnelle ont tôt fait d’entamer la campagne pour sensibiliser les populations sur les axes majeurs et les orientations de leur projet de société. Dans ce bruyant festival des promesses et des ambitions de chaque candidat, il est remarqué l’utilisation des termes comme « Changement, Dialogue, Cohésion sociale, Développement » qui se répercutent dans les esprits et incitent l’opinion publique à mieux saisir leur sens réel.

Pour les populations locales restées dans les régions du Nord, par rapport aux personnes déplacées dans les régions du Sud et d’autres réfugiées dans les pays voisins, pour les familles d’accueil et les personnes migrantes rapatriées de la Libye et pour les compatriotes ayant souffert de la crise Ivoirienne ; ces mots doivent sortir des carcans de la campagne pour entrer dans les pratiques. Les populations Maliennes veulent savoir « concrètement » ce que chaque candidat propose comme des réponses aux problématiques socio- politiques actuelles au Mali.

Les préoccupations des organisations de la société civile portant sur la compréhension des populations par rapport aux efforts de sortie de crise et leurs implications citoyennes dans le processus électoral ont été exprimées dans divers espaces dont le déjeuner citoyen au Carrefour des Jeunes et le cadre d’interpellation citoyenne des candidats déclarés au CICB; organisés respectivement par la Section Mali du réseau AEI le 4 Mai et par le Forum des OSC du Mali du 2 au 6 Juillet 2013. Les résolutions prises et les recommandations adoptées durant le déjeuner citoyen ont fédérées les intentions exprimées par les organisations participantes à cette journée d’échanges. Au regard des acquis politiques indiquées par la démultiplication de cette initiative de concertation citoyenne sur la crise et de l’impact médiatique dans la Presse nationale l’impératif de Justice et le devoir de Vérité interpelle la Section Mali pour agir…

II- Justifications :
Dans le cadre de la sensibilisation des opinions sur les leçons à tirer de la crise politique et sécuritaire de 2012 et pour intégrer les préoccupations citoyennes exprimées lors des diverses rencontres d’échanges avec les personnes en diverses situations de « migration forcée » ; Pour élever le niveau de compréhension des populations sur les enjeux du processus électoral, et permettre aux candidats de s’exprimer librement sur les voies de sortie de la crise ;

Parce qu’une solution pérenne à la crise au Mali passe par la mobilisation citoyenne et la participation de la société civile au règlement durable. Les personnes déplacées estiment que les acteurs de la société civile doivent s’approprier pleinement toutes les questions cruciales qui structurent le futur du Mali afin de permettre aux populations de maitriser leur destin.

En tenant compte des niveaux d’incertitudes techniques et matériels sur la participation des personnes déplacées, réfugiées et des Maliens de l’extérieur au scrutin du 28 juillet 2013 ; Par rapport à l’organisation du retour des familles déplacées et réfugiées dans le Nord du Mali; au regard des dispositions de l’Accord de Ouagadougou sur les taches du nouveau Président ; dans la perspective d’appropriation du processus de Dialogue et pour le renforcement de la cohésion sociale entre les différentes composantes de la Nation Malienne ; la prochaine élection présidentielle se présente comme un jalon important dans le processus de sortie de crise en permettant aux Maliens d’exprimer leur choix en faveur de celui qui conduira les destinées de la Nation.

Les organisations membres de la Section Mali veulent mener une action pédagogique visant à restaurer une pratique de la Démocratie porteuse de valeurs de paix, stabilité, tolérance et de justice. La Section Mali du réseau Afrique- Europe InterAct appelle à la grande mobilisation pour une Assemblée Citoyenne le Samedi 20 Juillet 2013 ; espace d’échanges sous la forme des questions- réponses aux candidats. Ces questions portent essentiellement sur les points :

1- Quelle approche pour impliquer toutes les couches socio- politique dans le processus de Dialogue et Reconstruction ?
2- Quelle disposition face aux mandats d’arrêts lancés contre les responsables du Mnla ? 
3- Quelle mesures ou stratégie pour la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou ?
4- Quelle stratégie adopter pour activer le développement de toutes les régions du Mali ?
5- Quelles mesures pour la justice et le droit de vérité par rapport aux événements 2012 ?
6- Quelle disposition pour le retour digne des populations déplacées et réfugiées ?
7- Quelle protection pour les compatriotes Maliens établis à l’extérieur dans le monde ?

III- Activités :
Les activités de l’Assemblée Citoyenne se décomposent comme suit :

  • La communication du Manifeste au Mali et à l’extérieur (Radios- Presse et Internet)
  • La mobilisation populaire des personnes en situation de migration forcée
  • L’invitation aux divers candidats à l’élection Présidentielle à l’Assemblée Citoyenne
  • L’Assemblée Citoyenne sur les questions à adresser aux candidats du scrutin prochain
  • La rédaction du protocole engageant les candidats à la résolution des problèmes posés
  • Le rapport d’activités et les actes de l’Assemblée Citoyenne pour une large diffusion